Prisonniers de la guerre de 14-18

 

 
ARCIZET Justin

Né en 1880 à Manses (Ariège). Forgeron au village de Tréziers. A la mobilisation, il a quatre jeunes enfants. Il est affecté à l'ambulance 5/37
Il sera fait prisonnier le 16 septembre 1914.
Il est interné au camp d'Erfurt.
Il est rapatrié et affecté à la Cie d'Ambulance 16/1 le 3 novembre 1915. Ensuite, le 15 février 1916, il passe à l'Ambulance 14/10.

 

Justin Arcizet fut mobilisé dans la même Division d'Infanterie que Léon Marty le curé du village de Tréziers. Tous deux  servirent dans les services de santé. Justin fut affecté à l'Ambulance 5/37(Ambulance N°5), Léon Marty au Groupement de Brancardiers Divisionnaires de la 37eme Division.

LES SERVICES DE SANTE MILITAIRES EN 1914
Chaque Corps d'armée possède  en principe de huit ambulances, trois groupes de brancardiers divisionnaires et de brancardiers de corps, six sections d'hospitalisation. Mais ces dotations sont évolutives.
Le 19septembre 1914 le 3eme Corps d'Armée aura douze ambulances.
L'Ambulance est un dispositif fixe installée assez loin pour être protégée des feux de l'artillerie ennemie. Elle est  généralement mise en place dans un village ou un replis de terrain. Dans ce dernier cas elle utilise des tentes de toile, les tentes Tortoise. Elle doit disposer d'eau à proximité et se trouver prés d'une route pour que les voitures, chargées de blessés, puissent y accéder facilement..
Par décision du Médecin Major le 7 aout chaque Division sera pourvue de deux ambulances et d'un groupe divisionnaire de brancardiers.
La SH.. ou Section d'Hospitalisation, anciennement hôpitaux de campagne, traite les blessés graves.
 

Justin Arcizet serait le 5eme à droite, assis.

EXTRAITS DES JOURNAUX DE MARCHE
En août 1914 la 37eme Division d'Afrique du général Comby est engagée dans la région de Charleroi avec la Vème Armée. Elle fait partie du Xème Corps d'Armée. Elle est constituée de deux brigades: la 73eme du Général Blanc (2e Zouaves, 2e, 5e et 6e Tirailleurs) et la 74eme Brigade du Colonel Taupin (3e Zouaves, 3e et 7e Tirailleurs) Elle compte 457 officiers, 18947 hommes de troupe, 4484 chevaux et mulets.
Du 13 au 15 août elle est acheminée par voie ferrée dans la région de Rocroi, à proximité de la frontière Belge.
Elle est placée sous les ordres du 1er Corps d'Armée
Le dimanche 16 août la Section d'Hospitalisation N°1 stationne en Belgique Elle est à Weillen quelques kilomètres à l'ouest de Dinant et de la Meuse. Elle doit hospitaliser les blessés légers en attendant leur évacuation vers l'arrière.
Le Lundi 17 août elle passe sous les ordres du 10eme Corps d'Armée. Elle descend vers le Sud et va cantonner dans la zone de Mariembourg à une dizaine de kilomètres de Rocroi.
Le lendemain en compagnie de la 19éme la 37eme division passe en première ligne.
Le samedi 22 aout elle se bat sur le territoire Belge entre Vitrival et Fosse-la-Ville, à mi chemin de Charleroi et Namur contre des forces supérieures.
 
LES BELGES SE REFUGIENT EN FRANCE
Charleville, 24 août.- De nombreux habitants de Tamines, Chatelet et Fosse, près de Charleroi, craignant de subir les atrocités allemandes, ont abandonné leurs villages et se sont refugiés en France. Plus de 400 personnes sont arrivées hier à Charleville, la mairie et le commissariat de police se sont hâtés de les faire héberger. De nombreux habitants offrent, avec empressement, le gîte aux malheureux exilés belges. (Havas.)
 
LE MATERIEL DES VOIES FERREES BELGES MIS EN SÛRETE
Dans le but d'entraver les mouvements des troupes allemandes en Belgique, les administrations des réseaux do l'Etat belge et du Nord belge ont décidé d'envoyer en France la plus grande partie de leur matériel et notamment les locomotives qui circulent sur les voies belges.
Toutes ces machines, depuis avant-hier, ont pris te chemin de la France, elles arrivent par 1es lignes de jonction des
lignes du Nord.
A
Pontoise, Achères, Argenteuil, notamment, on compte actuellement plus de 400 locomotives des réseaux belges, d'autres ont été dirigées vers Rouen par la ligne Amiens-Rouen. Toutes ces machines ont été amenées par leurs mécaniciens et chauffeurs habituels, et remisées dans les dépôts et sur lés voies de garage.
 

 

L'INTRANSIGEANT :

Après avoir contourné Paris à la fin de l'aitre semaine, deux armées allemandes, celle des généraux Von Kluck et Von Bülow en passant par Meaux et Coulommiers, étaient arrivées au nord de Provins, sur la rive gauche du Grand- Morin. C'est alors qu'elles se heurtèrent aux troupes que le général Joffre avaient massées dans la Brie.

Chassées sur l'autre rive du Grand-Morin, Von Kluck et Von Bülow s'apprêtaient, à reprendre l'offensive, quand sur leurs arrières, une armée française, celle de Paris, se faufila par Meaux et Lizy, sur la rive droite de l'Ourcq.

En toute hâte, l'armée de Von Kluck, menacée dans ses lignes de communication, dut revenir en arrière; en désordre, elle repassa la Marne, puis l'Ourcq à hauteur de Villers-Cotterêts. Après quoi, poursuivis et décimés  par nos troupes, les Prussiens se retirèrent sur l'Aisne vers Compiègne.

En se référant au communiqué publié cette nuit (14 septembre 1914 )on peut voir que la retraite de l'ennemi ne s'arrêta pas encore là, puisque nos troupes, esquissant un mouvement enveloppant, ont atteint l'Aisne entre Compiègne et Soissons.

A l'heure actuelle , il semble que  Von Kluck et Von Bülow cherchent à gagner la vallée de l'Oise, vers La Fére et vers Laon, région qui les avait vu passer il y a quinze jours.

Quoi qu'il en soit , d'ores et déjà, la droite allemande a reculé de pus de cent kilomètres.

 
Mercredi 16 septembre 1914
Le 3eme corps d'armée, qui comprends la 37e Division, se porte dans la région de Noyon (Oise).
Ordre de l'Armée : attaquer dés 5 heures du matin, sur toute la ligne. Les attaques devront être menées coûte que coûte jusqu'à l'assaut. La 74 Brigade attaquera Lombray, la 73e Brigade Bourguignon sous Coucy

LA CAPTIVITE

Justin Arcizet est  fait prisonnier le 16 septembre 1914 (Carlepont).  Il est interné au Camp d'Erfurt situé en Allemagne dans la province de Saxe. Prés de 14000 prisonniers de guerre de différentes nationalités, Anglais, Belges, Français, Russes furent internés dans ce camps. Douze cent d'entre eux ne sont pas revenu.
Témoignage d'un prisonnier : "Nous reçûmes une couverture, une cuiller et un plat creux émaillé. Un cuisinier passa une louche d'eau grasse et un petit morceau de pain qui composèrent notre repas... Je me dirigeais entre les rangées d'hommes étendus sur la paille, et lorsque j'eus découvert un coin disponible, je m'y pelotonnai dans ma couverture....Le lendemain, la pluie qui me tombait sur le visage m'arracha à l'anéantissement. Je n'oublierai jamais mon impression en ouvrant les yeux sur cette étable humaine... Dans cette tente, large environ quinze mètres et longue de quarante nous étions plus de deux cent, condamnés à la plus étroite promiscuité sur une litière commune.."

 

 

LE RETOUR DES PRISONNIERS

La Convention de La Haye du 29 juillet 1899 avait édicté des règles visant à "humaniser" les guerres entre Etats.
Elle précise. Article 4 : " Les prisonniers de guerre sont au pouvoir du Gouvernement ennemi, mais non des individus ou des corps qui les ont capturés. Ils doivent être traités avec humanité...."
Elle avait été complété par plusieurs traités dont La Convention de Genève du 6 juillet 1806 qui prévoyait dans son article 9 : "Le personnel exclusivement affecté à l'enlèvement, au transport et au traitement des blessés et des malades, ainsi qu'à l'administration des formations et établissements sanitaires, les aumôniers attachés aux armées, seront respectés et protégés en toute circonstance ; s'ils tombent entre les mains de l'ennemi, ils ne seront pas traités comme prisonniers de guerre."
 

L’ampleur des combats de l’automne 1914 et l’importante avancée Allemande entraîne la capture d'une multitude de prisonniers. Ce sont d'énormes besoins matériels et sanitaires qui se font jour pour garder tous ces prisonniers de guerre dans les conditions prévues par les traités.
Les États neutres, notamment le Vatican et surtout la Suisse, et les organisations humanitaires comme la CroixRouge s'inquiètent. Ils proposent de mettre en place des échanges de prisonniers.
Le cas des combattants sanitaires prévus à l'article 12 de la Convention de La Haye semble facile à traiter. Mais la mauvaise volonté des Etats freine tout accord. Il faudra toute la pugnacité des diplomates Suisse pour arriver aux premiers échanges.

La ville de Lyon fut le principal centre d'échange des prisonniers. Cela était du à sa position privilégié proche de la Suisse et au fait d'être un important nœud ferroviaire. Plus de 60 000 prisonniers français arrivèrent à Lyon entre mars 1915 et 1919. Les premiers(1601) débarquèrent en mars 1915.
 

 

L'arrivée des convois de prisonniers à la gare de Lyon Brotteaux  fut l'occasion de cérémonies patriotiques. La gare est pavoisée de drapeaux tricolores. Un piquet d'honneur d'une demi compagnie rendait les honneurs militaires. Une fanfare jouait de la musique patriotique.
Chaque arrivée était annoncée aux autorités civiles et aux délégués régionaux de la Croix-Rouge.
La cérémonie était bien rodée :  le convoi ferroviaire entrait lentement  en gare au son de
La Marseillais. La troupe rendait les honneurs militaires, puis la fanfare jouait  La Marche de Sambre et Meuse.  Les officiels attendaient sur le quai de la gare, avec les infirmières en costume.
Tout ce monde se rendait ensuite dans la salle des bagages de la gare où le président de la cérémonie prononçait son discours de bienvenue avant de servir du champagne.
Toutefois, les premières arrivées de mars 1915 furent discrètes.

 
Néanmoins des échanges de prisonniers par l'intermédiaire de la Croix Rouge à Genève intervinrent très tôt dés octobre 1914. Le 1er novembre un convoi sanitaires de 15 officiers de santé allemands est contrôlé à Genêve  venant par La Plaine . Il repartent le même jour pour Berne via Lausanne.
 
Justin Arcizet  sera rapatrié le 8 novembre 1914 (1) avec un groupe de 20 prisonniers. Il sera affecté comme soldat de 2eme classe à la Compagnie d'Ambulance 16/1 section d'infirmiers.
 
SOURCES :
Ma captivité en Allemagne : 1914-1917- Géo André - la Renaissance du livre - 1918
Archives Départementales de l'Aude - Dossiers cartes ancien combattants .RW 1307

La ville de  Lyon au centre des échanges de prisonniers, Bruno Fouillet, Vingtième Siècle. Revue d’Histoire, 86

Mémoire des hommes.
JMO 26 N 330/3
JMO 26N 108/6
JMO 26N 108/11
JMO 26N 126/5

(1) grandeguerre.icrc.org/fr

11/09/2014