Combattants de la guerre de 14-18


FAURE GERMAIN

LE 2e REGIMENT DU GENIE
16éme Bataillon 52éme Compagnie.

 
1917 : VERDUN - LA COTE 304 DU MORT-HOMME
Lundi 22 janvier 1917, après plusieurs mois d'une éprouvante guerre des mines à La Chalade, la compagnie 16/52 arrive en autobus à Jouy en Argonne. Elle vient relever la compagnie 8/64 du 4eme Génie dans secteur de la cote 304.
 
Les officier reconnaissent les travaux à effectuer. Un peloton sera occupé aux travaux d’organisation de l’ouvrage de Favry (nord ouest d’Esnes) Une section sera chargée de la construction d’abris au réduit de la cote 310. Une autre section assurera l’entretient de la route de Dombasle à Montzéville , pour la partie comprise entre la lisière nord du bois de Bethelainville et Montzeville.
 
Le jeudi 25 janvier vers 15h 30 les Allemands déclenchent une attaque de nos premières lignes sur la cote 304.
La relève de la compagnie 8/64 est suspendue jusqu'à nouvel ordre. La compagnie reste au repos. Ce n'est qu'un sursis. Elle assure la relève dans la nuit du 26 au 27. Elle quitte Jouy à 15h pour se rendre a Montzeville ou elle arrive a 17h30. Elle reprends la route à 19h. Le 1er peloton (lieutenant Labaume occupe les tranchées de la Rascasse. Le 2eme peloton qui le suivait, avec le capitaine Py, occupe les tranchées de la Garoup.
Le train de combat est envoyé à Ville sur Cousance
Sont tués à Esmes, sur la route de la cote 304 et de la foret du Mort-Homme, le caporal Ernest Billon et le sapeur Mathieu.
Le peloton de la Rascasse reste en place à la disposition du Colonel du 342 RI. Le 2eme peloton reprend ses cantonnements à Montzeville. Le 1er Peloton reste à la disposition du colonel commandant le secteur. Il fait des corvées de matériel et de munitions aux PC Kiffer et au Peigne en 1ere ligne. Est blessé en ligne, le sapeur Marais par balle reçue dans l’épaule gauche.
 
JOURNAL LA CROIX N°10386

Dernier communiqué officiel du 26 janvier 1917 (0 heures). Sur la rive gauche de la Meuse, à la suite d'un violent bombardement, les Allemands ont attaqué hier, en fin de journée, sur quatre points de notre front, depuis le bois d'Avocourt  jusqu'à l'est du Mort-Homme. Repoussés par nos tirs de barrage, nos feux d'infanterie et de mitrailleuses, les assaillants ont dû refluer vers leurs tranchées de départ.

Seules, quelques fractions ennemies ont réussi à pénétrer dans nos éléments avancés dans le secteur de la cote 304. L'ennemi, au cours de cette attaque, a subi des pertes très élevées et a laissé de nombreux cadavres devant nos lignes, notamment au bois d'Avocourt.

 

 

JOURNAL L'HUMANITE : Samedi 27 janvier 1917

OFFENSIVE ALLEMANDE DANS LA REGION D'AVOCOURT - LUTTE POUR LA COTE 304
La guerre avait considérablement ralenti son activité depuis le 15 décembre dernier sur toute l'étendue du front franco-anglais. C'est ce jour-là que les troupes françaises poussèrent sur la rive droite de la Meuse une vive .et forte .attaque qui leur fit reconquérir une large bande de terrain du nord de Douaumont jusqu'au bord de la rivière. Les pluies abondantes qui ensuite presque sans interruption détrempèrent le sol profondément et rendirent impossibles les attaques d'infanterie.
On. ne signalait guère, en dehors des duels de l'artillerie, que des coups de main sans importance et quelques rencontres de patrouilles.
L'hiver s'est remis à sévir. Un gel âpre et prolongé a durci la terre et permis à l'infanterie de quitter ses tranchées et de se déployer.
C'est l'infanterie allemande qui est sortie la première de sa longue torpeur pour attaquer .en force, avec des effectifs de plusieurs régiments, dans la région de la Meuse, après un bombardement d'une grande violence, sur la rive gauche de la rivière, du bois d'Avocourt jusqu'à l'est du MortHomme. Ses chefs pouvaient supposer que nous n'étions pas sur nos gardes dans ce secteur régnait depuis assez longtemps un calme presque absolu. Ils se sont trompés dans leurs prévisions.
Les assauts de l'ennemi, déclenchés violemment sur quatre points de notre front, se sont brisés sous notre feu. Les assaillants ont reflué en désordre vers leurs lignes. Ils n'ont réussi .qu'à s'introduire en des éléments avancés du secteur de la cote 304. Ce léger succès ne compensera pas les pertes subies par l'ennemi. Une contre-offensive énergique nous a d'ailleurs rendu  la plus grande partie du terrain perdu. Des coups de main ont été aussi tentés par l'ennemi dans la région de la Somme.
Ils ont échoué. Une tentative d'attaque en Haute-Alsace a eu le même sort. Nos tirs d'artillerie l'ont enrayée totalement
 
Le dimanche 28 janvier le 2eme Peloton (sous lieutenant Ollagnon) quitte Montzeville à 7 h et va relever le 1er peloton à la Rascasse.
Le 1er peloton rentre au cantonnement à 10h 15.
Le 3eme peloton  effectue les corvées de matériel et de munition. Le sapeur  Brunel est blessé par une balle au poignet. Le sous lieutenant Lambin, qui sort de l’école de Versailles, est affecté à la compagnie.

Lundi 29 janvier. Toujours en cantonnement à Montzeville. La 4eme section travaille à l’entretien de la route Montzeville Dombasles.
Dans la nuit, les 1er et 2eme section, commencent l'organisation d’un barrage dans le ravin 241-258
Elles construisent soixante mètres de tranchées. Sous la conduite des gradés de la compagnie une équipe de cinquante fantassins continue la pose de la voie ferrée de 0,40 du dépôt de Lambechand au calvaire d’Essen.
 
Mardi 30 janvier Deux sections continuent la tranchée au point 6114 (travaux de nuit) Deux compagnies du 81eme RI  de Montpellier, la10° du lieutenant Masseguier et la 11° du lieutenant Périat,  sont mises à disposition de les travaux au barrage du ravin 241-258 (travaux de nuit)
Mercredi 31 janvier, poursuite des travaux. Approfondissement de 300m du boyau des Zouaves
 
Samedi 3 février : étude et tracé d’une tranchée devant relier le boyau des zouaves, aménagé en tranchée pour tireurs, à la tranchée Gros-Claude.
A16 heures la la compagnie est rassemblée au nord de Montzéville. Le Chef de Bataillon Langlois, après une vibrante allocution, accroche la Crois de Guerre avec Palme, au Fanion de la Compagnie.
Différents travaux début février :
Pose réseau brun au nord de la Tranchée des Zouaves. Piquetage tranchée a l’ouest de Favry. Déblaiement du boyau de la Canebière par le 9eme Cie du 81emeRI  mis  à notre disposition. Trois sections travaillent a l’approfondissement et à l’aménagement du boyau nouveau 304. Construction d3une passerelle sur le boyau Cannebière (voie de 040)

Voie de 0,40 à la sortie de Montzeville

Le 17 février la construction de la voie de 0,40 terminée. Une équipe du 105eme Régiment d'Infanterie Territoriale de Riom est chargée de l’entretien .
Le 21 février la 1ere section approfondit la tranchée reliant la 1ere ligne a la tranchée Gros-Claude. Les trois autres sections sont occupées à la construction d’abris dans la tranchée Roussin et dans le boyau des Zouaves.
23 février. La compagnie cesse de travailler aux abris de la tranchée Roussin. Elle encadre quatre compagnies d’infanterie aux travaux du plateau de Pommerieux
 
Le 10 mars Les sapeurs s’occupent, avec trente deux pionniers venant du 105 RIT, des abris du boyau des zouaves. Deux compagnies d’infanterie continuent de travailler sous les ordres du Génie à l’organisation du plateau de Pommerieux .
Le 19 mars, violent bombardement ennemi. La compagnie est alertée. Attaque ennemies. Durant la nuit du 19 au 29 la Cie approfondit le boyau des Zouaves dans la partie comprise entre le plateau de Pommerieux et la cote 304.
Le 23 mars la compagnie 16/52 est placée directement sous les ordres du colonel commandant le 16eme Génie chargé de la direction des travaux de la position de Pommerieux. Un bataillon de la 32eme BI est adjoint aux compagnies 16/52 et 16/2.
De nouveaux abris sont commencés (abris M4 dans la tranchée S avec galerie conduisant à un emplacement de mitrailleuses dissimulé dans un trou d’obus. Abri 31. situé dans la tranchée Gros-Claude a la hauteur du boyau L. Ainsi que l'abri L1 situé dans la tranchée du General Bouchez accueillant une demi section et pour six mitrailleuses. De cet abri part une galerie conduisant a un emplacement de mitrailleuse situe dans un trou d’obus placé environ à 30 m en avant de la tranchée. Les auxiliaires d’infanterie travaillent à l’approfondissement des boyaux des zouaves et de cannebière.
 
Pendant la nuit du 27 et 28 mars un gros "Minen"(torpille), tombe sur l’entrée de l’abri 29. Il l’écrase en enterrant les sapeurs Germain Bousquet et Renard. Le sapeur Renard, légèrement blessé à la figure, a eu deux dents cassées. Le sapeur Bousquet n’a pu être dégagé qu’après cinq heures d’efforts avec nombreuses contusions. Il est cité a l’ordre de la Division.
 
Le 1er avril 1917 le caporal Jean Marius originaire de l’Aveyron est tué sur le plateau de Poumerieux par une balle ennemie qui l’a traversé de part en part. Il est enterré à Ville sur Coutances.
Le 10 avril la compagnie est au repos. Elle cantonne à Brocourt (baraque Adriand) . Le 11 avril école de section et revue d’armes.

 

A partir du 12 avril construction d'un pont renforcé avec le matériel que la 4eme section est allée chercher à Ville sur Cousance. Elle a chargé sur haquets quatre bateaux, des poutrelles, madriers chevalets...
16 avril,  les 1er, 2eme et 3eme section sont cantonnes à Esnes dans des abris cavernes. Elles travaillent ainsi que la 4eme section durant la nuit aux abris souterrains au plateau de Pomérieux. La 4eme reste cantonnée a Montzeville dans ses anciens cantonnement.
Le lendemain un bataillon du 122eme RI  de Rodez est mis à disposition pour les travaux à Poumerieux. Des auxiliaires de l’infanterie sont occupés à approvisionner les boyaux  La tranchée Gros-Claude doit être approfondie jusqu'à 1,60m en moyenne. Une Cie du 122 RI de Montpellier est chargée de la construction d’un réseau en fil de fer barbelés formé de deux bandes espacées d’une vingtaine de mètres. Chaque bande large de dix mètres doit s’étendre entre le boyau Cannebière et et le boyau D
 


A partir du 22 avril jusqu'à la fin mai la compagnie se consacre qu'à la construction d'abris. Du 23 mai au 1er juin un peloton du 80eme RI est met à la disposition de la compagnie pour travailler de nuit à l’approfondissement du boyau des zouaves.
Le jeudi 3 mai le sergent fourrier Abel Falconnet et le caporal Coutelet sont  blessés au cours d'un violent bombardement par un éclat d'obus au cantonnement . Ils sont évacués. L’aménagement de l’abri 28 est terminé le 29 mai, sauf le poste de commandement.
 
Le 2 juin la 2eme Cie du 42 RIT du Limousin est mise a disposition. Elle travaille au nettoyage, au déblaiement ou l'approfondissement des tranchées Bouchez et des Zouaves et des boyaux du Canada et de Californie. Pose de réseaux Riblard, ligne de fil de fer barbelé de forme cylindrique, devant la tranchée Gros-Claude.
Le Commandant de la compagnie reçoit l'ordre de faire étudier et piqueter d’urgence le tracé d’une voie de 0,40 destinée a relier le dépôt du Calvaire d’Esnes à la voie déjà posée entre Esnes et le boyau Tardiveau. Le lieutenant Labaume fait l’étude qui est adressée au GD 32
Dés le 9 juin la compagnie s’occupe de la pose de la voie de 0,40 partant de la jonction du boyau Tournefier avec le Chemin Creux et allant vers le boyau Tardiveau en passant par Esnes. Les travailleurs sont fournis par la le143RI .
Le 14 juin La compagnie entreprend l’aménagement d’un point d’eau dans le ravin 258-251. Un sergent et trente-six hommes de la compagnie 4/145 travaillent à l’approfondissement du boyau  de Chartres.
20 juin. le lieutenant Lambin effectue la reconnaissance de points d’eau signalés dans le Quartier du Bec. Le 22 juin les abris 33, 34, 35, complètement terminés sont livrés.
 
La compagnie est relevée le 26 juin. Les trois sections cantonnées a Esnes en Argonne se mettent en route dés trois heures du matin La compagnie cantonnée à Montzéville,  par petites fractions, fait mouvement sur Dombasles en Argonne et Rampont. Elle arrive a Souhesmes la grande à 8h. Les hommes sont logés dans des granges. Départ lendemain a 15h30. La compagnie se rend à Lemmes ou elle embarque à 16h30 (voir ferrée)

Arrivée a Wassy dans la Haute Marne, une quinzaine de kilomètres au sud de Saint Dizier, à 2h30 du matin. La Cie se met en route pour Pont Varin stationnement désigné. Elle y arrive à 4h 45. Les hommes sont logés dans des granges chez l’habitant.
Samedi 30 Juin : Ordre de se rendre à Dommartin le Franc une dizaine de kilomètres au sud.  Dans l’après midi, de nombreux gradés et sapeurs assistent aux obsèques du sapeur Sauvage, de la Cie 16/2, décédé accidentellement.
 

Dimanche 1er juillet. La compagnie quitte Pont-Varin à 7 h du matin. Destination Ville en Blaisois. A 10h avant d’arriver à Dommartin, le capitaine est informé que la compagnie doit aller stationner à Villiers aux Chênes.
Départ de Dommartin à midi. Itinéraire : Dommartin le Franc, Courcelles sur Blaise, Dommartin le St Pére, Doulevant le château. Au terme de quinze kilomètres de marche, arrivée à Villiers aux Chênes. Il est 15 h 30. Les différentes sections sont logées dans des granges chez l’habitant.
 
Lundi 2 juillet journée de repos. A10h, les gradés des compagnies 16/2, 16/52, 16/71 sont présentées au Général Daydrein, commandant la 32eme Division.
Le lendemain à 16h revue de cantonnement.
En soirée, rassemblement , il est donné lecture de la Circulaire du Général Pétain.
Trois jours de repos. Ensuite théorie sur les brélages et la construction de passerelles. Le vendredi 6 juillet après midi baignade dans la Blaise. Le lendemain instruction pour les cadres, exercices d'infanterie, revue d'armes.
Après la formation théorique l'on passe à l'exécution pratique.  Le 9 juillet La 1ere section construit une passerelle sur la Blaise. Le reste de la compagnie s’occupe de la construction de chevalets rapides. Le jour suivant étude des ponts par chevalet Bégue, chevalets rapides, chevalets Palée.
 
Le 11 juillet une délégation de la compagnie part assister à la revue du 14 juillet à Paris. Le matin du 3 juillet exercices, aménagement d’une tranchée pour instruction sur lancement de grenade a main. Soir de 13 h à 16h : lancement de grenades.


Samedi 14 Juillet: revue de cantonnement et d’effets. Repos. A Paris une délégation, conduite par le sous-lieutenant Olagnon et comprenant un sergent, deux caporaux et douze sapeurs, représente la compagnie à la Revue. Le fanion de la compagnie est porté par le sergent Nicaud.

Jusqu’au 19 juillet : construction de ponts de circonstance, construction des réseaux de fil de fer et service en campagne, théorie sur les artifices et amorçage de charge allongée, lancement de grenades.

 
 
SOURCES :
JMO 26N 778/5
JMO 26N 778/
9
JMO 26N 1264/14