Combattants de la guerre de 14-18

 

 

LAGARDE PAUL

 
Paul Lagarde, Poulou pour ses amis, était tailleur de pierre au village de Tréziers. C'était l'ainé d'une famille de trois garçons.
En 1900 le conseil de révision de Chalabre  le déclare bon pour le service. Il est affecté au 4eme Régiment d'Infanterie. Il participe à la campagne de Tunisie jusqu'au 22 octobre1902. Il y gagne les galons de caporal..Il est de retour dans sa famille à Tréziers le 19septembre 1904.
 
DECLARATION DE GUERRE 04 AOUT 1914
Le mercredi 5 aout 1914 Paul Lagarde est rappelé sous les drapeaux. Il est marié depuis sept ans et il a deux jeunes enfants, Emma et Marie Louise. Il rejoint le 80eme Régiment d'Infanterie de Narbonne. Ce régiment est dédoublé en 280éme RI.
 Il est affecté au 5éme  bataillon, 18éme Compagnie du 280eme RI.

 
LE 280eme REGIMENT D"INFANTERIE

Le régiment est placé sous le commandement du Colonel Comte. Le 5eme bataillon est aux ordres du commandant Laurens. La 18eme Compagnie du Capitaine Chabrier a comme officiers chefs de section,  Mas, Muratel, Maury, et l'adjudant Miquel. Son effectif est de 103 sous officiers, 2107 hommes de troupe.

 

Pour rejoindre la zone de combat le régiment est divisé en deux échelons. Le premier, qui comprends l'Etat Major, le 5eme bataillon et la 1ere section de mitrailleuses, embarque le jeudi 13 aout à 8h23. Son itinéraire est Tarascon, Lyon Brotteaux, Besançon, Dole. Il arrive à Montbéliard son terminus le 14 aout à 14h.
Ce régiment fait partie de l'Armée d'Alsace du Général Pau. Il appartient à la 66eme Division de Réserve Général Woirhaye.
Avec 281e RI de Montpellier et le 296e RI de Béziers il forme la 131e Brigade commandée par le général Sauréde.

 

Le samedi 15 aout l'armée d'Alsace tient Sultzeren (4 km N.O. de Munster), la vallée de la riviére la Fecht, Thann, Roderen, Hecken, Dannemarie (68), Montreux-Vieux.
 La tète de la 66e Division de Réserve est sur la ligne Froide-Fontaine - Charmoix (Territoire de Belfort). L'Etat Major et le 5eme Bataillon cantonnent à Vieux Charmont à proximité de Montbeliard.
Le 16 aout offensive sur tout le front. Le 18 aout le régiment se porte sur Falckwiller et Guilbwiller.

 
BAPTÊME DU FEU - COMBAT DE ZILLISHEIM
Le mercredi 19 aout l'Armée d'Alsace continue sa progression sur Mulhouse. La 66e Division doit atteindre le front de Riedisheim au S.O du bois de Zurenwald, face à la Foret de la Harsth
 

On n'a aucun renseignement sur l'ennemi et rien ne fait prévoir une rencontre dans la journée. Pendant la traversée de Spechbach le Bas (Nieder Spechbach)  on entend quelques coups de fusil en avant et quelques canons assez sourds sur notre droite. Peu après on apprend que quelques uhlans ont été vus du coté d'Ilfurth enfin lorsque la tête de la colonne arrive à hauteur de ce point on entend une forte canonnade dans la direction de notre aile gauche, il est 9h20 La colonne poursuit sa marche en détachant quelques éléments à petite distance sur ses flancs et au débouché de Froeningen on aperçoit distinctement l'éclatement de shrapnels allemands au dessus de Didenheim.

 
Vers 10h, en arrivant à Illfurth le Régiment reçoit l'ordre de passer la rivière l'Ill, pour déborder Hoschstatt par l'Est, et faire tomber Didenheim fortement occupé par l'ennemi. Le 280 RI déboite de la colonne, passe l'Ill à Illfurth. Le 5eBataillon Laurens est chargé de la marche d'approche. Il se dirige sur Zillisheim  Arrivé à Zillisheim il y trouve des troupes déployées devant lui C'est le 293e RI positionné à cheval sur la voie ferrée et la route.
Le chef de bataillon avertit le colonel  qu'il ne trouve pas de place pour s'engager. Le Général prescrit alors d'occuper le terrain entre la voie ferrée et le canal face à Hoschstatt. Vers 13h , il se produit un premier reflux des 253e et 97e RI.  Le général fait alors intervenir deux compagnies restées en réserve. Le mouvement en avant est repris par l'ensemble de la ligne, mais il ne peut se maintenir.

Pour essayer d'arrêter ce mouvement en arrière, et de reprendre l'offensive, deux nouvelles compagnies sont portées sur la ligne. Le colonel donne l'ordre de poser les sacs, en raison de l'état de fatigue des hommes.
La marche en reprend sur tout le front. La position est absorbée et enlevée très brillamment à la baïonnette Sous les feux convergents venant des crêtes qui enveloppent Flaxländen au Nord et à l'Est, et par suite des pertes en officiers et chef de section, et aussi par suite du mélange avec d'autres unités, déjà éprouvées par les engagements antérieurs, il se produit un nouveau mouvement de recul. Le Lieutenant de réserve Lacroix voyant que des éléments commençaient à fléchir, se porte en tête en déployant le drapeau et contribue a arrêter le mouvement de recul

Il est à ce moment 17h 30 environ. Il ne peux plus être question de reprendre une nouvelle attaque sans le secours de troupes de renfort. On se borne à conserver la position initiale, le long de la voie ferrée et à cheval sur la route. Le combat prends fin à la nuit tombante.
Les pertes pour cette journée sont importantes.
Tués : 2 capitaines, 1  lieutenant, 2 adjudant, 2 caporaux, 23 soldats.
Blessés : 1 capitaine, 5 lieutenants,  3 adjudants, 6 sergents, 13 caporaux, 73 soldats.
Disparus : 1 adjudant,6 caporaux, 48 soldats.
 

La fatigue des réservistes est très grande et leur moral fâcheusement impressionnés par les conditions difficiles dans lesquelles ils s'étaient trouvés pour cette première journée de combat. Néanmoins le Général de Brigade avait donné l'ordre de se tenir prêt à reprendre  l'attaque le lendemain matin Mais le jour venu les patrouilles constatèrent que l'ennemi avait complètement disparu.

 

Le jeudi 1er octobre de 280equi appartient maintenant à l'Armée des Vosges passe en première ligne entre Lesseux (Vosges), la cote 607 et à la lisière du bois de Le Chéna. La position est renforcé par des tranchées. Bombardement intermittent par l'artillerie lourde et par les canons de 77 ennemis. Le 2 octobre au lever du jour à la faveur du brouillard, l'ennemi lance des patrouilles pour reconnaître notre position tenu par le 5eme bataillon ce qui occasionne de vives fusillades de 6h à 7h 30.
 
COMBATS DE VERMELLES (ARTOIS)
Le lundi  5 octobre le régiment embarque à Bruyéres, destination l'Oise.
Le 5eme bataillon  arrive à la gare de Tricot le 9 octobre à 3h.Par voie de terre il prends  la direction de Royancourt. Ensuite, il se dirige sur Hangest en Santerre puis Louvencourt
A partir du mercredi 14 octobre la 58e Division est rattachée au 21eme corps d'Armée du Général Mo et fait partie de la 10eme Armée du général Maudhuy.

 


Le 280ème RI est transporté en automobile à la Fosse N°6 de Noeux où à 15h il attends l'ordre d'attaque. L'ennemi est fortement retranché sur la croupe au Nord de Vermelles (Vermeille) , le long de la route de Cuinchy, dans le village de Vermelles très fortement organisé et sur le plateau du Rutoise

Le régiment se porte sur Annequin, avec mission de :

1° prendre ou de chasser les mitrailleuses ennemies de flanquement établis vers les carrières Nord de Vermelles,

2° déborder Vermelles par le Nord,

3° de laisser une garnison à Annequin pour assurer sa possession,

4° de s'opposer à toute contre attaque ennemie sur sa gauche.

Les prise de contact commencent vers 15h. Le 5eme bataillon reste à Annequin pour s'opposer à toute contre attaque.

Les troupes chargées de l'attaque progressent lentement. A 17 h ordre du Général " L'attaque de Vermelle doit être poussée à fond ce soir, même après la tombée de la nuit".
Le bataillon ne parvient pas à franchir le ruisseau dit Courant de Bully. Il s'organise et se retranche fortement sur la crête à l'ouest du ruisseau, au Sud de la voie ferrée partant d'Annequin. Violentes fusillades par intermittences au cours de la nuit.

 

Après une violente préparation par l'artillerie, l'attaque est déclenchée à vers 14heures. Elle ne progresse que lentement. Les unités et le terrain sont violemment balayés par le feu de plusieurs mitrailleuses. Le combat se prolonge jusqu'au soir vers 20 heures. Le 5eme bataillon est resté en réserve.

 sauf deux compagnies mises à disposition du général. Violentes fusillades intermittentes toute la nuit.
La 18eme Compagnie passe en première ligne. Pertes :Tués : 3 officier, 9 sous officiers, 9caporaux,44 soldats; Blessés :  82 soldats; Disparus : 44
 

Le vendredi 16 octobre reprise des attaques sur Vermelles. Les troupes doivent profiter de la nuit et du brouillard pour se rapprocher le plus possible de la lisière du village. Pendant toute la journée les troupes progressent très lentement. Le brouillard qui devait faciliter leur mouvement est un gêne pour l'artillerie. Elle ne peut observer qu'avec beaucoup de difficulté les objectifs à battre.
A 17h 15, l'ordre d'attaque générale est donné. La18eme Compagnie est en premier ligne et attaque au Nord du village. Progression jusqu'à la route Vermelles - Cuinchy, malgré le feu des mitrailleuses. Ne pouvant être appuyé dans sa marche par l'artillerie, il doit se replier dans la tranchée occupée le matin, L'attaque n'a pas réussi. Pertes : 19 tués, 86 blessés, 68 disparus. La 18émé compagnie, pour sa part, compte 7 tues, 27 blessés, 45 disparus.
 

Samedi 17 octobre l'attaque est reprise. C'est une action de nuit qui s'engage de 20 h à 21h 30, violente, sous les feux de l'infanterie et de l'artillerie Le lendemain les attaques sont reprises à 5h 30 sur tout le front. La progression très lente ne peut se faire qu'au moyen de boyaux de cheminement pour atteindre le emplacements où sont construites de nouvelles tranchées. Le Chef de Bataillon  Laurens est tué.
 

Lundi 19 octobre le Régiment progresse d'une centaine de mètres. Duel d'artillerie et canonnade excessivement violente, pendant toute la journée.

20 octobre l'effort principal se porte sur Vermelles. L'attaque est reprise avec l(appui de deux batteries lourdes anglaises. La progression de l'Infanterie lancée à 15 h est très lente. Le terrain doit être conquis pied à pied à la sape. Le lendemain les opération reprennent dés 6 heures dans les mêmes conditions. Le terrain est gagné pied à pied.

Le 22 à 5 heures contre attaque des Allemands. Les combats violents se continuent toute la journée.

 
Jour après jour mètre après mètre le 280eme progresse. Le 29 octobre au cours de la nuit il atteint le ruisseau Le Courant de Bully où il s'organise (tranchées, réseaux de fil de fer, etc.…) Le 02 novembre le les tranchées les plus avancées se trouvent à 300 ou 400 m des premières tranchées ennemies. Le 5 novembre progression lente au moyen de boyaux de cheminement permettent d'ébaucher de nouvelles tranchées en avant, section par section. Les bonds en avant ne dépassent pas 30 à 40 mètres. Le 1er décembre le 281eme et le 296e avec un détachement spécial de troupes indigènes, s'emparent du château de Vermelles, après l'avoir fait sauter à la mine. Pendant la nuit du 6 au 7, l'ennemi évacue le village de Vermelles et la croupe au N.E. suivi de prés par les patrouilles au contact et par les deux compagnies de 1ere ligne ( 5eme et 6eme bataillon dont la 18eme compagnie)

 

Paul Lagarde est nommé sergent le 30 novembre 1914
 

 

Le 13 décembre le régiment passe sous les ordres du général Gaillot commandant le groupement Cambrin. Le 16 le 280eme participe à une attaque dont le but est de rejeter l'ennemi au delà de la voie ferrée La Bassée-Grenay. L'attaque est flanquée au nord par des troupes anglaises. La guerre de tranchée se met en place. Améliorations des ouvrages. Réfection des dégâts provoqués par les tirs ennemis et le mauvais temps. Longues semaines où les forces en présence se testent

13 janvier 1915 Le mauvais temps incessant oblige les Compagnies à s'occuper surtout du nettoyage et de la réfection des boyaux de communication et des abris pour les hommes. A la nuit trois soldats du 112 Régiment d'Infanterie Bavaroise se constituent prisonniers.

18 janvier la neige gène la continuation des travaux

2 février de nombreux éboulements se produisent à la suite du dégel 7 février  Vermelles et Annequin sont bombardés avec des obus de 77 mm et de 105 mm 21 février un orage subit occasionne un envahissement des tranchées et des boyaux par la grêle et de l'eau

 

 
Le 3 mars entre 6h et 6h60 une fusillade intense de la part de l'ennemi éclate sur le front tenu par le 280em. Un feu nourri d'infanterie et de mitrailleuses tandis que l'artillerie allemande exécutait des tirs de 77 et 105.. En fait cette fusillade était une intimidation destinée à soutenir une attaque violente dirigée contre le secteur de Notre Dame de Lorette
 
Le 03 mars 1915 Paul Lagarde est évacué.(1) Il sera versé aux services auxiliaire par la commission de réforme de Béziers du 13 septembre 1917 pour troubles psychopathiques au cours des opérations de guerre.
 
 
131eme Brigade Infanterie, 66 Division oct 1914 58eme Division Infanterie
 
SOURCES
(1) RW 1955 Dossier combattant (Archives de l'Aude)
JMO 26 N 737/11 Journaux des Unités Mémoire des Hommes
JMO 26 N 531/7