BAGNARD ARNAUD BARTHELEMI

Bien avant que je revienne à Tréziers j’avais entendu parler de ce bagnard du temps de l’Empire que le maire de Tréziers avait la charge de surveiller. Joseph Monié puis Clément Luga m’avait confié avoir lu des lettres…
Les documents précieusement gardés depuis bientôt deux siècles sont deux lettres adressées au maire par les autorités. Ils ont nourri cette histoire de bagnard qui a couru de génération en génération. Tréziers avait eu un bagnard …

L’histoire commence en l’an III de la République. Le 10 frimaire (samedi 29 novembre 1793) Jean Clergue membre du conseil général de la commune enregistre la naissance de Barthelemi Arnaud. Son pére est Louis Arnaud 58 ans originaire de Prades Montaillou, berger. Il habite le hameau de Labouiche commune de Lagarde. Sa mère Marie Tournier, âgée de 23 ans, vient d’une famille de fermiers de La Fouiche commune de Lagarde. Après la mort de son frère Pierre en 1794 Barthelemy est l’ainé d’une famille de 6 enfants.
On ne connait rien de sa jeunesse. Il a vingt ans lorsque son père Louis décède le 5 juin 1813.
Sa famille est bien intégrée au village. Son cadet François épouse en 1818 Anne Planet fille de Bernard cultivateur habitant Rue del Poux Le grand père disposait de 18 parcelles représentant 9 ha.
Quelque temps après Barthélemy Arnaud condamné au tribunal de police pour vol
LE BAGNE DE TOULON
Barthelemi Arnaud est condamné aux fers et conduit au bagne de Toulon.
Les forçats sont employés selon leur métiers d'origine et selon leur capacité à des taches de toute nature. Ils sont enchainés. Ils reçoivent une solde qui leur permet d’améliorer leur ordinaire. Elle peut être diminuée ou suspendue en cas de mauvaise conduite. C’est un moyen de police.
En plus de la paie ordinaire qui est commune à tous les forçats, ceux qui sont condamnés pour un temps autre que la perpétuité reçoivent un supplément d’un tiers, auquel on donne le nom de pécule. Il est en réserve jusqu’à l’expiration de la peine. On leur remet alors le montant, afin qu’à la sortie du bagne ils ne se trouvent pas dans un dénuement complet
 

 
 
LA LIBERATION

Le 21 novembre 1828 le sous-préfet de Limoux écrit au Maire de Tréziers :

Le nommé Arnaud Barthelemy né dans votre commune, forçat du bagne de Toulon, a déclaré vouloir à l'expiration de sa peine, se retirer dans votre commune. Je vous invite à examiner et me faire connaitre si cet individu peut trouver à Tréziers des secours auprès des parents ou des moyens d'existence pour l'exercice de sa profession, et si des considérations d'ordre public ne s'opposent point à ce qu'il s'y établisse.

 

La réponse du maire  Pierre Maillenc Espert sera positive
 
Lorsque le forçat est mis en liberté, il reçoit un chapeau ciré, une chemise neuve, un pantalon en drap ou toile l’été, un gilet en drap brun, une paire de guêtres, une paire de souliers.  De plus on lui remet une feuille de route qu’il devra respecter scrupuleusement.  

Tout au long de la route à suivre le forçat libéré sera tenu de se présenter à officier public du lieu d’étape qui visera sa feuille, et notera la somme qu'il aura remise au forçat libéré pour se rendre à la nouvelle couchée qu'il lui aura indiquée.

Arrivé à sa destination, le forçat libéré se présentera au commissaire de police ou au maire du lieu, qui lui délivrera son congé en échange de sa feuille de route.

Aucun forçat libéré "ne pourra quitter le lieu de sa résidence, sans l'autorisation du préfet du département

Si le forçat enfreint les ordres qui se trouvent mentionnés sur la feuille de route, et s'il est rencontré hors du chemin qui lui aura été tracée, il sera arrêté et poursuivi par qui de droit, pour subir les peines qu'il aura encourues.

 
REMISE DU PECULE
A la libération il ne pourra être remis au forçat libéré que jusqu'à, concurrence de la somme de vingt francs sur le montant de son pécule, l'excédent sera adressé au maire de la commune ou il aura déclaré vouloir faire sa résidence.
 

02 décembre 1828

Le commissaire du bagne de Toulon écrit au maire de Tréziers : J'ai l'honneur de vous adresser en un mandat de M. le Receveur général de votre département la somme de 17 Francs 49 centimes pour le compte du forçat libéré Arnaud Barthelemy qui a choisi votre commune comme résidence.

(Article 9 du règlement des pécules des forçats libérés du 12 novembre 1822)

 
UNE PERIODE DE TROUBLES
Les 27, 28,29 juillet 1830 Les trois glorieuses ou la Révolution de Juillet
Le Roi Charles X qui gouverne la France veut installer un pouvoir ultra par ordonnances. Le peuple de Paris se soulève et renverse le régime. Charles X abdique le 2 aout C’est Louis Philippe qui est appelé qui est appelé par Adolphe Thiers pour le bénéfice de la bourgeoisie. La monarchie de Juillet est née. Elle capitalisera la rancœur des républicains, qui voient leur révolution dévoyée, ainsi que celle des bonapartistes et des royalistes légitimistes.
 
A Tréziers le maire est Pierre Maillenc Espert, 33ans, propriétaire du château. C’était un royaliste convaincu. Un portrait du Roi figurait en bonne place dans son salon.
 

Le 20 octobre 1830 le sous-préfet de Limoux adresse une lettre au maire de Tréziers.  Il lui rappelle sa mission de surveillance des forçats libérés qui ne doivent quitter leur résidence sans autorisation.

On annonce que sur divers points du Royaume des forçats et autres condamnés libérés profitant du désordre inévitable que les derniers événements avaient momentanément apportés dans la marche de l'administration étaient parvenu à ce soustraire à la surveillance légale dont ils étaient l'objet. Il serait à craindre que ces individus après s'être rapprochés d'anciens compagnons de crime ne se mêlassent à des rassemblements dangereux pour la sécurité publique. En conséquence et d'après les intentions de M. le Préfet je vous invite à me faire connaitre le plus promptement possible si le condamné libéré Arnaud Barthelemy se trouve actuellement présent dans votre commune qui lui a été assignée en résidence et à me fournir en même temps toutes les indications propres à faire retrouver sa trace dans le cas où vous auriez à m'annoncer sa disparition

 
LA GARDE NATIONALE Loi du 22 mars 1831

La garde nationale est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle, sa charte, pour maintenir l’obéissance aux lois, conserver ou rétablir l’ordre et la paix publique, seconder l’armée…
Les gardes nationales sont organisées dans tout le royaume. Elles sont mises en place dans   les commune…

Tous les citoyens âgés de 20 à 60 ans sont appelés au service de la garde nationale dans leur lieu de domicile réel. Ce service est obligatoire. Le remplacement est interdit pour le service ordinaire

 

Le 22 mai 1831 Procès-verbal de vérification du tableau de recrutement de la garde nationale à Tréziers
En présence de Pierre Maillenc Espert maire, de Louis Benet, Barthélemy Calvel,  Bernard Planet, Augustin Bloy, Jean Malvieille, François Costes, Jean Paul Tadieu, Joseph Benet membres du conseil.

Le tableau de la garde nationale est établi et approuvé
 
LA MARQUE DU BAGNARD
Il est impossible au forçat libéré de cacher sa condition. Sous surveillance ils sont objet d'humiliation, marqués d'infamie.
Ce sont des citoyens de seconde zone.
Ultime vexation lors de la mise en place de la Garde Nationale à Tréziers  le conseil municipal le raye  des rôles au motif qu' Arnaud Barthelemi a été condamné par le tribunal correctionnel pour vol conformément à la Loi
 
 
DC DE BARTHELEMI ARNAUD
Le vendredi 10 juin1831 François et Jean Arnaud tous deux cultivateurs se rendent au château de Tréziers se présentent devant le maire Pierre Maillenc Espert . ils déclarent le décès de leur frère Barthelemy Arnaud cultivateur âgé de 36 ans dans sa maison à Tréziers.
 
SOURCES

 Archives de la commune de Tréziers

Archives départementales de l'Aude
Bagnes, prisons criminels. B.Appert
 

25/02/2021

 
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