LABORGNE |
Discordes au sein du Conseil Municipal
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Au mois de septembre 1869 arrive un
nouveau curé Jean Pierre Laborgne. Il est agé de 44
ans. Toute sa famille l'accompagne : Jean son père ancien
instituteur, Marie Vaquier sa mère, ses sœurs Marie Eugénie et
Henriette. |
Il s'est fait remarquer dans sa
précédente cure (Palaja) par ses prises de positions publiques lors des
élection législatives du 16 avril 1869. Dans la circonscription de
Limoux s'affrontent Léonce de Guiraud du parti clérical enfant du pays
et Isaac Pereire personnalité parisienne banquier et promoteur du chemin
de fer que les "progressiste" de Limoux ont convaincu de se présenter
dans la troisième circonscription de l'Aude.
Le curé Laborgne suivant en cela les consignes de son évêque va dans ses
prônes stigmatiser l'étranger le juif et appeler à voter pour Léonce de
Guiraud |
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Le curé Laborgne arrive dans un
presbytère en bien mauvais état. En prenant ses fonctions en 1860 le
maire Raulet avait constaté des travaux hâtifs. Il fait intervenir en
1864 les maçons sur les murs qui sont prêts de s'effondrer. Pour
financer il vens 60 m2 du chemin de la carraïrole |
L’ordre de
réparation tarde à être donnée par le maire. A bout de patience le curé
Jean Pierre Laborgne prend l’initiative de faire effectuer les travaux. |
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Le 21 mai
1871 par l'intermédiaire du Préfet il demande le remboursement des cent
cinquante francs avancés pour payer les ouvriers. Le Conseil Municipal
n’apprécie pas cette démarche qui cherche à court-circuiter. Il refuse
de régler la facture. Il considère « que M. le curé nourrit et entretien
un cheval. Que c'est plus pour son utilité privée et son agrément, que
pour les besoins de l'annexe qu'il dessert, qu'il a aménagé la grange en
écurie »
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A la
décharge du maire il faut se rappeler que depuis 1852 la commune fait de
gros efforts pour financer la restauration de l'église qui est en très
mauvais état. Le toit menace de s'écrouler. Un premier devis de deux
mille neuf francs à du être majoré de mille francs en 1860. Les
subventions demandées au Préfet n'ont pas été accordées. Alors les
conseillers ne peuvent qu’être excédé par des demandes qui lui
paraissent moins urgentes. Ils ont le sentiment qu'on veut leur forcer
la main |
Une
guerre s’engage entre le curé et la municipalité. Sur de son droit M.
Laborgne souhaite lancer de nouveaux travaux. Maintenant il veut rénover
le presbytère. Une pétition est lancée en mars 1872 par des paroissiens.
Ignorant la municipalité elle est adressée directement au Préfet. Elle
est transmise pour avis en au maire Jean-Louis Fabre qui la présente aux
conseillers : |
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« Ils
considèrent qu'une réparation majeure et même indispensable est à faire
rapidement au presbytère. Ils disent que la commune n'a d'autres
ressources qu'une imposition extraordinaire...
Afin de l'éviter ils
demandent le partage des biens ruraux communaux, sous prétexte que ces
biens ne rapportent rien à la commune et que les autorités locales
seules profitent des revenus de ces terrains". |
Cette
dernière remarque, un brin polémique, vise le maire. Il bénéficie en
effet depuis 1860 d’un bail reconductible portant sur neuf hectares de
terre aux communaux de la Serre et du Bac. Il avait obtenu ce fermage
lors d'enchères publiques, très disputées, organisées par Maître Bosc
notaire. Il avait emporté l’affaire au dixième feu. Le bail lui avait
été accordé moyennant une redevance annuelle de cent francs |
Les
conseillers rejettent les propositions des pétitionnaires. Ils mettent
en avant le fait que la portion revenant à chacun des cinquante-deux
citoyens de Tréziers, susceptibles de participer à ce démembrement, ne
dépasserait pas vingt-huit ares. Les frais de publication et
d’enregistrement coûteraient la moitié de la valeur des biens. |
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Une
nouvelle pétition est examinée par le conseil municipal le 26 mai 1872.
Elle est téléguidée de toute évidence par le curé. Elle vise à faire
diriger l'école publique communale par des religieuses. Jean Louis Fabre
la présente : |
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Pétition présentée par des chefs de famille ayant des enfants
en âge de fréquenter l'école. Ils affirment que tous les habitants de la
commune partagent les mêmes désirs, qu'ils ont déjà adressés de vive voix au
maire : |
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Il est de toute justice que les pères de famille aient la liberté de
faire élever leurs enfants par les instituteurs de leur choix pourvu
qu'ils soient reconnus par l'Etat. |
Depuis dix huit ans Tréziers est en quelque sorte privé d'instruction
primaire par suite des malheurs qui sont survenus aux titulaires.
Néanmoins la commune a toujours supporté avec patience cet état de fait.
Après la mort du sieur Bastide en décembre 1870 les enfants de la
commune furent pendant dix mois privés d'instituteur |
Les pétitionnaires disent que les sœurs de Saint-Joseph de Tarbes,
implantées depuis plusieurs années à Belloc et à Camon, comme
institutrices, y ont fait le plus grand bien et y ont formé des élèves.
Que ces mêmes sœurs dans l'intervalle des classes se font le pieux
devoir de visiter et de soigner gratuitement les malades de la commune. |
Que ces sœurs, par la confiance qu'elles inspirent aux populations,
obtiennent qu'un plus grand nombre d'enfants fréquentent l'école et que
les bienfaits de l'instruction soient mieux répandus dans les familles. |
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Vu la promesse, faite à M. le Curé par les supérieurs des sœurs de
Saint-Joseph, d'envoyer une de leurs sœurs aussitôt que la commune sera
autorisée à les recevoir à titre d'institutrice communale. |
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Vu les déclarations faites par les habitants de Mallematte, La Fouiche
et d'Ennaude proposant d'envoyer leurs enfants à l'école de Tréziers si
la commune possédait ces sœurs. |
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De plus, dans ce cas les habitants de Corbières qui est desservie par M.
le curé de Tréziers et qui n’ont jamais eu d'instituteur enverraient
plusieurs enfants à l'école. |
Les pétitionnaires exigent que le conseil municipal demande à M. le
Préfet que la commune soit autorisée à faire diriger par les sœurs de
Saint-Joseph l'école publique qu'elle possède » |
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Cette demande n'aboutira pas. |
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Escarmouche après escarmouche la lutte va s'aggraver entre cléricaux et
anticléricaux. Jamais à court de provocations, le curé, M. Laborgne, va
faire l'unanimité du conseil contre lui. La municipalité demande son
remplacement à l'évêque. |
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Le 21 février 1875 le Maire expose que « l'autorité diocésaine en
considération de la démarche prise le 28 novembre dernier avait donné
satisfaction à la commune en remplaçant M. Laborgne par M. le curé de la
Malegréde qui devait venir officier le premier dimanche de Carême.
Voyant qu'il n'en est rien et que M. le Curé Laborgne ne dit ni la messe
des âmes le lundi, ni ne fait les instructions (le catéchisme) le
mercredi et le vendredi comme dans les communes voisines, cette
situation surexcite l'exaspération de mes administrés »
Il invite le conseil à délibérer. Il est décidé : « Le conseil demande à
l'autorité diocésaine de donner suite au changement de M. Laborgne. Car
il a totalement perdu la confiance de ses paroissiens. Si un changement
n'a pas lieu dans la huitaine, c'est à dire avant le premier mars, le
conseil décide à l'unanimité, qu'il se transportera au presbytère pour
mettre tous les meubles qui sont déjà emballés dans la rue. Pour éviter
de pareilles misères veuillez le changer immédiatement et sans délais »
En mars 1875 l'évêque de Carcassonne affecte l'abbé Laborgne à la
paroisse de Raissac sur Lampy dans la montagne noire.
Toutes les
réclamations de l'abbé n'étaient pas infondées. Pour preuve,
après son départ, le 21 mars 1875 le Conseil Municipal examine les
travaux à entreprendre au presbytère. « Il faut réparer la cuisine, les
chambres, la toiture qui se trouvent dans un état de délabrement
complet » Cela représente trois cents francs. Pour financer ces travaux
on prendra deux cents francs sur le salaire du garde champêtre et on
demandera un secours de cent francs au Préfet.
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ISSN : 1626-0139 |
18/01/2024 |
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