UN NOUVEAU  RESEAU D'EAU POTABLE

 

ARRIVEE DE L'EAU POTABLE DANS CHAQUE MAISON

 
 
Lors de la réunion du conseil municipal du 18 décembre 1929 Elie Sérié, qui a été élu maire le 19 mai précédent, fait le point sur les difficultés d'approvisionnement en eau du village :
 

« La source alimentant le village par gravité est devenue par suite de l’affaissement des courants souterrains, ou pour toute autre cause, insuffisante. Ces dernières années, pendant six mois de juin à novembre, ils ont été obligés de se procurer, par charroi à la rivière, qui coule à un kilomètre et demi, l'eau nécessaire à la boisson et aux usages domestiques.

Durant cette période, qui est la plus active pour les travaux agricoles, cet état de fait gêne considérablement la tache des agriculteurs. Deux fois par jours ils sont obligés de conduire leurs animaux de travail s'abreuver à la rivière, ce qui leur occasionne fatigue supplémentaire et grande perte de temps.

De plus lors de ces périodes de pénurie la situation du village devient critique, en raison des grandes quantités de fourrage et de céréales engrangées. Si un incendie se déclarait les habitants ne disposeraient pas d'eau pour l'éteindre. Cela pourrait devenir un fléau »
 

La discussion s’engagea au conseil municipal. Chacun en convint : s'il n'y avait pas à Tréziers de puits abondants, il existait des courants d'eau souterraine. Ils se manifestent aux abords du village par plusieurs sources. Il faudrait les exploiter. Le maire, Elie Sérié, fit remarquer que puisque l’électricité arrivait au village, en utilisant « la force » il devrait être possible d’amener l’eau depuis la rivière. Là bas l’eau est abondante. « La réalisation d'un tel projet d'eau potable solutionnerait en même temps la question de l'eau nécessaire aux habitants et celle dédiée aux usages agricoles » Il propose de demander aux services du Génie Rural l'étude d'un projet d'adduction d'eau.
 

On le voit, tout comme l'avait fait son prédécesseur Pierre Faure trente ans plus tôt, Elie Sérié met en avant les risques sanitaires. Toutefois il donne plus de poids à son argumentation en soulevant les problèmes de sécurité. Il alerte les autorités sur les risques d'incendie. Dans les deux domaines de la santé et de la sécurité la responsabilité de l'Etat peut être engagée.
Autre argument, nouveau celui là, il demande de prendre en compte l'impact économique de la distribution de l’eau. Il souhaite aller au delà de couverture des seuls besoins ménagers. Il veut répondre aux exigences de l'agriculture moderne que l'Etat désire justement promouvoir. De ce point de vue les besoins en eau changent d'échelle.
 

Un événement, dont l’importance est sous-estimée par beaucoup de conseillers, sera déterminant dans les années qui suivront. L'électrification de la commune, qui a été votée en 1923, commence. Le maire sait, de par son métier qui le met au contact des nouvelles techniques, que bientôt il va être facile en utilisant  la force électrique d'utiliser l'eau de la rivière. Il s’en est ouvert auprès des conseillers. Peu l’écoutent. Lorsque ce sujet alimente  l’ordinaire des discutions villageoise beaucoup sont sceptiques. Le maire doit composer. Aucune majorité n’est prête à le suivre sur cette voie. Il est trop tôt. Pourtant il faut bien résoudre ce problème de manque d’eau chronique.
 
Il se résout à demander l'aide, qui est gratuite, du Génie Rural. Le professeur Blayac, un géologue, est mis à sa disposition. On lui donne pour mission de rechercher la cause de la baisse de débit du captage de la Serre. Il doit aussi examiner s’il est possible de l'améliorer.
Rendu sur le terrain le géologue commence à étudier la source et ses environs. Il y a d’intéressantes arrivées d’eau. Mais nous sommes en hiver.
« Il faut se rendre compte si le débit est suffisant en période d'été » Les prospections obligent à effectuer des fouilles dont il évalue le coût entre mille cinq cents francs et trois mille francs. Le 15 mai 1931 le Conseil Municipal donne son accord.
Des recherches seront effectuées dans le champ de Melle Régnier à la Coume del Loup en amont des captages. Les travaux se déroulent pendant tout l’été
Le 17 octobre 1931 le Conseil Municipal est informé du résultat des recherches. « Les sondages effectués ont permis de constater que la source primitivement captée est complètement tarie. On a découvert à environ un mètre et demi de profondeur un filet d'eau d'un débit approximatif d’un hectolitre par heure. Il s'insinue à travers les terres arrivant au réservoir de réception. A six mètres de profondeur des suintements décèlent la présence de courants hydriques. Les résultats sont manifestement insuffisants pour justifier un projet d'adduction d'eau. Si l'on veut poursuivre dans cette voie il y a lieu de décider des fouilles supplémentaires de dix à douze mètres de profondeur » Avec prudence le géologue suggère d'abandonner l’exploitation des sources de la Serre et  de capter l'eau de l'Hers.
Faisant fi de cet avis le conseil municipal persiste à préférer l'eau de la Serre. « L'eau de source est préférable par raison d'hygiène »  En réalité la raison qui pousse à ce choix semble d’ordre économique: « Le projet est moins coûteux, l'installation demande peu d'entretien » Il est voté la poursuite des fouilles à la Serre.
Une autre campagne de recherche est donc lancée avec un nouveau géologue. En février 1932 le maire présente les résultats: « Les sondages effectués à la Coume del Poux démontrent qu'il est impossible d’y trouver l'eau pour alimenter le village » Même l’idée, un moment envisagée, de creuser dans la colline une galerie draineuse « vaste et profonde », s'enfonçant dans la nappe aquifère, doit être abandonnée car elle n’apporte aucune garantie quant au débit. M. Meynel le géologue conseille vivement d’étudier le projet d'adduction d'eau par pompage à partir de la rivière de l'Hers. Il évalue la dépense à cent soixante dix mille francs.
 
Un an va passer avant que l'on se décide. La situation au village est maintenant de plus en plus pénible. L'eau est rationnée à cinq litres journaliers par personne. Enfin, un devis est examiné. Bonne surprise il est moins élevé que la première estimation. Il s'élève à cent trente cinq mille francs. Le Maire rassure les conseillers. Il explique qu’il compte sur la prise en charge par l'Etat d’au moins la moitié des coûts. Un dossier bien argumenté est transmis à l'Administration.  Pourtant en dépit des assurances données la subvention tarde. Il est impossible de financer le projet avec les seules ressources de la commune.
Le Maire pare au plus pressé. Afin de soulager les habitants il fait rénover les anciennes fontaines proches du village. Un petit abreuvoir est construit à la Fontaine de la Nation où l’on a capté une petite source dans une parcelle appartenant à Germain Faure. Certains habitants vont même faire des corvées d’eau à la fontaine jouxtant l'église de Moulin Neuf.
 
Enfin en novembre 1934 le Ministère de l'Agriculture annonce qu'il accorde une subvention de 50%. Le projet d’adduction d’eau va pouvoir aboutir. Au printemps 1936 des travaux préparatoires sont entrepris dans la plaine de l'Hers pour vérifier la présence d’une nappe aquifère. Un puits est creusé. Une forte arrivée d’eau est rapidement constaté.  On mesure son débit. Pour satisfaire les besoins journaliers il faudrait cent vingt cinq litres par habitant. Ce qui donne une moyenne de dix sept mètres cube par jour pour arriver à alimenter convenablement le village. Afin de s’assurer que l'eau est bien potable, plusieurs prélèvements sont effectués. Ils seront analysés à Carcassonne.
 
Au village la qualité de l’eau est devenue déplorable. Des échantillons ont été prélevés dans le puits de Perry par le Docteur Cassan le 12 décembre. L’analyse met en évidence la présence de deux cent vingt et un germes par centimètre cube d’eau. Il est décompté dix bacterium coli par litre ce qui rends l’utilisation du puits extrêmement dangereuse.
 
Le 25 novembre 1936 le Maire Elie Sérié présente les plans et devis dressés par les services du Génie Rural.

« Le projet consiste à creuser un puits dans la basse plaine de l'Hers où gît à cinq ou six mètres de profondeur une nappe aquifère très abondante. Un premier puits d'essai a été creusé à une quinzaine de mètres de l’ancien chemin de Tréziers à Lagarde. Il a permis de connaître la constitution du sol. En surface un limon sableux fin de 1,20 mètre protège la nappe phréatique qui se tient dans les sables et graviers sous jacents  Ils ont été reconnus sur une hauteur de trois mètres. Ils contiennent l'eau. Au-dessous existe une couche imperméable en marne ou argiles et roches dures que le captage devra atteindre.

Le géologue demande a ce que ce puits d'essai soit abandonné car trop proche du chemin, ce qui présente un risque important de pollution. Le puits définitif doit être creusé à au moins vingt cinq ou trente mètres du chemin et à une centaine de mètres du lit de l'Hers. L'eau sera pompée et refoulée jusqu'à un réservoir de distribution à proximité du village. Elle sera ensuite distribuée par un réseau alimentant une seule fontaine publique » Il s’agissait de la fontaine du bassin place de la mairie. Par la suite il sera décidé d’alimenter la fontaine de l’Houmet. Un peu plus tard à la demande des habitants deux autres fontaines seront rajoutées.

 

 
 
La commune achète deux pièces de terre à Elie Serié. Une de 2500 m2 en bordure de l'Hers pour la station de pompage, une de 100 m2 au village pour le réservoir.
 
 
L’adjudication des travaux eut lieu à la Mairie de Tréziers le dimanche 20 mars 1938 à dix heures du matin. C’est l’entreprise Rech de Caudeval obtint les deux premiers lots pour 94 954 francs.
 
Le premier lot comprenait la fourniture et la pose des canalisations ainsi que la robinetterie. Il devait être utilisé des tuyaux en acier à emboîtement,  goudronnés tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. L’étanchéité serait assurée par des joints en corde et du plomb. Il était prévu la mise en place de trois bouches d’incendie : une devant l‘église, une autre au centre du village auprès de la maison de « Paulou » Lagarde, la dernière à la Borde. Etaient également programmés l’installation d’une borne fontaine et la construction d’un abreuvoir place de Lhoumet. Le branchement de vingt compteurs de particuliers faisait également partie de ce lot. A noter que l’abreuvoir ne sera pas construit tout de suite. Il faudra attendre une dizaine d’années.
 

 
Dans le deuxième lot on avait prévu la construction de la station de pompage et des réservoirs. Le puits de pompage devrait protégé coté Hers par une digue en terre. L’entrée du bâtiment serait placée  à un mètre cinquante du sol. Elle serait accessible par un escalier. Ce dispositif était censé sauvegarder, en cas de crue importante, la pompe et le moteur. Ils seraient installés dans un cuvelage en ciment. Il était prévu d’édifier dans la partie la plus haute du village deux réservoirs de distribution de vingt cinq mètres cubes chacun.
Le troisième lot qui échut à la Société des Entreprises Electriques de Toulouse consistait en la fourniture et l’installation des pompes et  des appareillages électriques annexes. Une pompe à pistons actionnée par un moteur électrique fut choisie. Elle était actionnée par un moteur triphasé de marque Alsthom d’une puissance de trois chevaux. La mise en marche était manuelle. Le pompage s’arrêterait automatiquement lorsque les réservoirs seraient pleins.
 
Le maire fit remarquer que le conseil municipal devrait prévoir au budget communal le salaire de la personne chargée de la surveillance de la machinerie.
 
Le dernier lot prévoyant la construction des lignes électriques du village à la station de pompage fut attribué à la Sté Méridionale de Transport de Force de Carcassonne.
 

Bientôt les travaux purent commencer. Les fouilles et la pose des canalisations furent réalisées grâce à la main d'œuvre locale. Les ouvriers disposaient de l'équipement de base des terrassiers de l'époque : la pioche et la pelle.
Le conseil municipal confia à Paul Lagarde la délicate mission de surveiller les travaux. Il devait veiller au bon dosage des mortiers et au respect des règles de l’art  dans la confection et la pose des ferraillages prévus par le devis. Le chantier s'étala sur un peu plus de deux années. 

Le maire Élie Sérié réceptionna les canalisations et les fontaines le jeudi 14 mars 1940 en présence de l’entrepreneur Honoré Rech et de l’ingénieur du Génie Rural Louis Lacombe.
Le mémoire définitif des frais engagés fut présenté en septembre 1941. La facture s'élevait à deux cent quarante et un mille francs, y compris l'achat des terrains.

 
Elie Sérié n’oublia pas ses administrés du hameau de l’Espagnol, la famille Alabert. Le hameau était trop éloigné pour être atteint par l’adduction d’eau. Aussi le 19 mai 1939 il adresse une lettre à l’entreprise Rech. « Il y a lieu de faire rapidement au hameau de l’Espagnol un point d’eau en creusant un puits de cinq ou six mètres de profondeur muni d’une petite pompe à levier battant. Il sera complété par un abreuvoir. Cela devra être terminé pour le début de l’été au plus tard » Les travaux furent promptement exécutés comme demandé. Hélas les nappes phréatiques sont par nature capricieuses. Celle de la métairie de l’Espagnol ne fut pas souvent au rendez-vous. Les résidents de la métairie durent continuer à utiliser la source du haut d’Endaude.
 
Le Service des Eaux était régi par la commune. Il fonctionnait au départ sous la surveillance du Maire, aidé par un préposé. C’était ce dernier qui était chargé de la surveillance de la station et du relevé des compteurs.
 

Un règlement du Service des Eaux est adopté en 1939. Il détaille le fonctionnement du service et en précise les caractéristiques :

Le débit des concessions assure le besoin des logements des particuliers. La concession de base est de deux hectolitres par vingt quatre heures pour un abonnement de soixante francs par an. La quantité en sus est payée un franc cinquante le mètre cube. Il est fait un relevé trimestriel »

« L'alimentation de la commune en eau potable et agricole est assurée gratuitement par la borne fontaine ou l’abreuvoir public, et à titre onéreux au moyen de concessions à débit mesuré par compteur de volume.

Le débit des fontaines assure les besoins domestiques. Celui de l'abreuvoir les besoins agricoles. Il est formellement interdit, soit aux bornes fontaines, soit à l'abreuvoir, d'y prendre l'eau avec des barriques ou de grands récipients, d'y exécuter même temporairement aucune opération ménagère, notamment d'y laver du linge, des véhicules ou autres, et d'y encombrer l'accès…En ce qui concerne l'abreuvoir il est interdit d'y puiser avec des récipients quelconques.

 
Le 09 juin 1941, violent orage de grêle, un coup de foudre met hors d'usage l'équipement électrique. Le moteur à essence de secours a besoin de carburant. C'est une denrée contingentée en temps de guerre. Le maire obtient 20 litres.
 
Pour financer ces travaux la commune s'est endettée pour vingt huit ans auprès du Crédit Foncier de France. L'arrivée de la Société de Pétroles d'Aquitaine, qui vient réaliser des forages de recherche pétrolière sur le territoire de Tréziers, sera une aubaine qui permettra d'alléger cette charge. Autorisation de recherche donnée le 09 juillet 1941.
En 1943 l'entreprise, grande consommatrice d’eau, demande à la municipalité la fourniture des volumes nécessaire au fonctionnement des chantiers et des installations du personnel : cantine, dortoirs, baraquements divers. Les besoins journaliers sont estimés entre vingt et trente mètres cubes.
Le Maire fait tout d’abord remarquer que ces besoins dépassent de beaucoup ce qui est utilisé ordinairement par les habitants du village. Néanmoins, après réflexion, il juge la station de pompage capable de satisfaire ce surcroît.  Mais pour cela il faudra la faire fonctionner six à huit heures par jour. Ces nouvelles contraintes ont un coût. Après négociation un marché est conclu. Il est convenu que la société acquittera une indemnité mensuelle de mille francs. Elle lui donne droit à vingt cinq mètres cubes d’eau par mois. L’eau consommée au delà de ce forfait sera facturées trois francs le mètre cube. De plus, afin d'assurer dans les meilleures conditions possibles l'augmentation de débit demandée, la société s'engage à installer un moteur de cinq chevaux et une pompe de rechange. Le matériel communal ne servirait qu'au dépannage. Cet accord est approuvé par le conseil municipal le 08 octobre 1943.
Rapidement la quantité d'eau utilisée par le forage d'Autajou dépasse allégrement les prévisions. Devant l'inflation des chiffres qui lui sont présenté le chef de chantier conteste l'exactitude du comptage. Il met en doute  le sérieux du travail du préposé communal Barthélemy Malvieille. Les mois qui suivent, bizarrement les compteurs du chantier tombent en panne, ceux du village fonctionnent  pourtant correctement. Une chicane est amorcée.
Le jeudi 14 décembre 1944, le Conseil Municipal prends une sage décision. On va supprimer la cause du conflit, on ne mesurera plus l'eau utilisée par le chantier. La société paiera mensuellement une indemnité doublée, soit de deux mille francs Ainsi on majore d’autant les recettes. Cela donnera le droit aux pétroliers de disposer de toute la quantité d'eau qu’ils jugeront nécessaire à leurs installations. En plus ils s'engagent à remédier, par leurs moyens et à leurs frais, à toute panne survenant au matériel, le leur propre et celui appartenant à la commune, les moteurs comme les pompes.
 
En 1946 l’entreprise Rech de Caudeval construit l’abreuvoir tant réclamé par les riverains de la place de Lhoumet. Cet ouvrage complète à bon escient le bassin fontaine de la place de la mairie. Jusque là les bœufs et les troupeaux de vache ne disposaient que du point d’eau central. Les autres « piales » comme celle du puits de Perry, dont les canalisations d’alimentation étaient mal entretenues, restaient souvent à sec. En conséquence, le matin et soir sur la place, c’était le défilé des bœufs et des vaches que l’on conduisait à l’abreuvoir. Ces manœuvres demandaient beaucoup de vigilance. Il fallait les sortir étable par étable, sinon les bêtes se battaient. En dépit de toutes les précautions il y avait inévitablement des échanges de coup de corne entre bête du même troupeau. Le plus dominant veillant à être le mieux placé. Ce qui donnait assez souvent un air d’arène de corrida à la place. Heureusement les chiens étaient là, appliqués à leur travail. Ils savaient prendre l’initiative de mordre le jarret de celui qui voulait quitter le troupeau, sans attendre l’ordre du maître. Après avoir étanché leur soif, les bovins apaisés retournaient pesamment à leur étable, non sans avoir laissé de nombreuses bouses sur la chaussée. Pendant longtemps la commune dans son budget inscrivit une ligne destinée à payer une personne chargée de ramasser les déjections bovines.
A la même époque la municipalité installa des lavoirs dans l’abri du métier à ferrer les bœufs. Au départ leur utilisation était gratuite.  Cela devait entraîner rapidement une importante consommation d’eau. Les robinets coulaient plus que nécessaire. On oubliait fréquemment de les fermer. Les conseillers s’émurent de ce gaspillage. On chercha à réduire le débit de l’eau en remplaçant les robinets à moindre débit. Il n’y eut aucun résultat notable. La municipalité décidera de fermer le lavoir.
 
L’ancien réseau qui amenait l’eau de la Serre, devenu sans objet, fut abandonné à la même époque. En 1948 les canalisations en fonte seront récupérées pour être vendues à M. Pech de Moulin-Neuf. Bien plus tard, à l’initiative de Joseph Monié,le réservoir de distribution situé sur le haut du village sera réhabilité pour servir de réserve incendie
 
Lorsque la station de pompage fut construite, son site était à plus de cent mètres du lit principal le l’Hers. Une jetée en pierre, au confluent de l’Argadil repoussait le flot de la rivière vers Lagarde, protégeant la plaine de Tréziers. En aval de l’ouvrage un « breil » impénétrable s’était développé sur les alluvions. Lorsque montaient les eaux, à la mauvaise saison, il devenait une île. A partir des années cinquante des crues plus importantes sapèrent puis emportèrent l’ouvrage. Alors la rivière commença à divaguer. Petit à petit elle dévora les terres qui formaient l’île. Puis de plus en plus vorace elle poussa vers Tréziers. A chaque crue disparaissaient quelques mètres du rivage. Dans les années 1970 la station de pompage est directement menacée par le flot.
 
Le 26 septembre 1971 le maire Joseph Monié réunit le Conseil. Il annonce : «  En accord avec les propriétaires la D.D.A. a décidé de tester les forages de recherche d’eau établis il y a une dizaine d’année dans la plaine, à l’extérieur de la zone inondable. Si les résultats sont favorables il est envisagé de les utiliser pour l’approvisionnement en eau potable de Tréziers. La station actuelle serait abandonnée. Toutefois en attendant, il est urgent d’assurer une protection sommaire de la station en renforçant la berge droite par l’apport de matériaux et en creusant un chenal du coté de la rive gauche. De plus comme la capacité de filtrage des sables alluvionnaires est réduite du fait de la proximité de la rivière il faut installer un appareil de stérilisation de l’eau »
 
Le 15 mars 1972 il est demandé à un bureau d’étude de Carcassonne de rechercher les moyens pour assurer la protection des berges de la rivière de façon pérenne. Entre temps l’état de la station de pompage est devenu de plus en plus préoccupant. La pompe vétuste fuit. On ne dispose plus de matériel de secours pour assurer la relève s’il y a une panne. La qualité de l’eau laisse à désirer. Les analyses effectuées par le Centre Hospitalier de Carcassonne indiquent qu’elle ne répond plus aux normes sanitaires. Par mesure de sécurité il faut, sans délai, installer un appareil permettant de la javelliser.
 
L’adjoint Barthélemy Malvieille depuis la construction de l’ouvrage assurait l’entretien courant. Pour cela il percevait une indemnité modique. Il était aussi chargé de mettre la pompe en marche lorsque les réservoirs étaient vides. Pour cela il lui fallait descendre à la station de pompage. En 1972 il approchait des soixante dix ans. Il présenta sa démission. En février 1974 devant la difficulté de trouver un remplaçant, le maire demanda au conseil que soit édudiée la possibilité d’automatiser  la station de pompage. Des capteurs situés aux réservoirs déclencheraient automatiquement les pompes dés que nécessaire. Ce dispositif fut rapidement installé.
Juillet 1977 un violent orage sinistre gravement la station. Bien que la commune soit assurée, une part non négligeable reste à sa charge.
Deux ans plus tard les réservoirs qui n’offraient plus une capacité suffisante doivent être agrandis.
 
Le 20 janvier 1981 Joseph Monié fait le bilan de la gestion du service de l’eau devant le conseil municipal. « Le coût d’entretien de la station a augmenté considérablement au cours de l’année. Il a fallu changer les relais de l’armoire automatique ainsi que l’appareil de traitement des eaux. On a une augmentation de la consommation en énergie électrique suite à l’installation des deux groupes sur presseurs. Il faut prévoir une augmentation du prix  du mètre cube d’au moins vingt cinq centimes. Et encore je ne prends pas en compte les travaux d’amélioration du réseau, la construction de nouveau réservoir, l’installation des sur presseurs et le renforcement du groupe de pompage » Le prix de l’abonnement passera à cinquante francs et le mètre cube coûtera un francs vingt cinq centimes.
 
Dans les années qui suivirent la station eut à souffrir à nouveau de la violence des aléas climatiques. En juillet 1981 une violente crue de l’Hers se moque des protections et submerge le cuvelage. Les deux moteurs électriques et le moteur de secours à essence sont hors d’usage. Autre désastre en janvier 1985, la température devient sibérienne. Le thermomètre descend à moins vingt huit degrés.  Il faut changer les pompes les sur presseurs, les compteurs, les tuyauteries.
Tous ces frais imprévus pèsent lourdement sur les finances de la commune.
Le Maire cherche des moyens pour assurer la continuité du service de l’eau. Il propose d’affermer. C’est à son avis la seule solution techniquement et économiquement raisonnable.
 

Le dimanche 31 mars 1985 Joseph Monié réunit tout spécialement le conseil municipal. Il décrit l’état du réseau, les problèmes récemment rencontrés. Il rappelle que le réseau appartient en propre à la commune. «  Lors de mon élection en 1971 cet ensemble était entretenu par l’adjoint au maire qui était rémunéré par son indemnité d’élu, plus une modique rétribution. Il a du cesser cette activité en raison de son age. Par ailleurs les réparations au réseau de distribution dans le village sont très fréquentes depuis la mise en place du suppresseur. Elles ont été effectuées jusqu’à maintenant par un artisan de Moulin Neuf avec l’aide de bénévoles de la commune qui se chargeaient des fouilles de dégagement des tuyaux perforés. Ces personnes peuvent de moins en moins prêter leur concours à cause de leur age. Il est difficile de trouver un artisan acceptant ces travaux en cas d’urgence »
 

En raison de toutes ces difficultés il pense qu’il serait judicieux de confier le réseau à une société spécialisée dans ce domaine. Plusieurs communes du canton ont déjà adopté cette solution. Deux sociétés ont fait des propositions. La mieux disante est la CGTH SADE. Elle assure déjà l’entretien des réseaux de villages voisins. Il est proposé un contrat d’affermage de douze ans. Les prestations suivantes sont à sa charge : la réparation des branchements individuels jusqu’au compteur - le changement gratuit des compteurs défectueux - la surveillance de la station de pompage et des sur presseurs y compris le dépannage électromécanique ou hydraulique -  le paiement des factures d’énergie électrique et des frais d’analyse -  le relevé des compteurs - la facturation et les encaissements

Le conseil municipal va entériner ce choix.

 

ISSN : 1626-0139 
 

11/10/2012

 
mail to : faure.robert@wanadoo.fr
 

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