ecole avant la revolution

L'ECOLE AVANT LA REVOLUTION

 

 

Avant la Révolution de 1789 l'enseignement était dispensé sous la houlette de l'Eglise. Sur le territoire du diocèse de Mirepoix existaient des « Petites Ecoles » tenues par des régents. On les trouvais seulement dans les plus grandes localités et ne touchaient donc qu'une très faible partie de la population.

En 1789 à Mirepoix, la citée la plus peuplée et la mieux pourvue, on dénombrait neufs maîtres d'école et trois frères de la doctrine chrétienne.

Au dix-septième siècle Catherine de Caulet, veuve de Jean de Lévis Lomagne, avait fondé des communautés de régentes. Elle ambitionnait par cette oeuvre de mettre en pratique les idées de son frère François de Caulet évêque de Pamiers, une remarquable figure du Jansénisme. Les enseignantes étaient connues dans la région sous le nom de Mirepoises. Elles exerçaient dans les plus gros bourgs. A Lavelanet leur souvenir est resté longtemps vivace. Il faut dire que Catherine de Caulet, qui en était baronne, dirigea après la mort de son époux, le fief pendant plus d’un demi-siècle avec beaucoup de rigueur. Elle eut à cœur d’y développer, plus qu’ailleurs, l’instruction du petit peuple. 

Dans les paroisses les plus rurales, l'alphabétisation ne pouvait se développer qu’a l’initiative du curé.

La personnalité du recteur était primordiale quant à la qualité de l’instruction. Nous puovons le mettre en évidence à Tréziers. Au milieu du dix-septième siècle fut nommé à la tête de la paroisse un curé dynamique, Pierre Rouanet. Sous son ministère se réalise un remarquable travail d’alphabétisation. En quelques années le nombre de paroissiens sachant écrire progresse incontestablement. Mais il faut au moins le temps d'une génération pour constater des progrès ou des déficiences dans le domaine de l’instruction. C’est son successeur, le recteur Jean Granier, qui recueillera les fruits de ce travail.

Après lui, est-ce du à une moindre engagement du curé ou bien aux directives de la hiérarchie diocèsaine, l'alphabétisation recule de façon très nette. 

Comment était dispensé l'enseignement ? Pour quels objectifs ?

La lecture d’un petit opuscule publié en 1699,  « Instructions pour les petites écoles du diocèse de Mirepoix par l'ordre de Messire Pierre de La Broue, Evêque de Mirepoix », nous éclaire l’organisation et la pédagogie des écoles.

Les objectifs fixés aux maîtres sont clairs. Il faut apprendre à lire et compter aux enfants, mais en privilégiant l'éducation religieuse. Tout doit être ramené à la pratique de la religion.

L'apprentissage de la lecture commence par le déchiffrage de listes de mots latins. Le maître choisit des noms de saints ou de lieux tirés des Evangiles. Ils doivent être faciles à déchiffrer, comme par exemple : Job, Juda, Salomon, Jérusalem…

L’Eglise voyait là deux avantages. D’une part la prononciation des syllabes latines est quasi identique à celle de la langue de tous les jours. On parlait alors, à la maison comme dans la rue en languedocien (baptisé maintenant occitan). C’était la seule langue utilisée dans les familles. Par rapport au français et sa syntaxe complexe, ce choix ne pouvait donc que faciliter le déchiffrage des mots. De plus, ce n’était pas négligeable, on familiarisait l’enfant avec la langue de la liturgie catholique qui avait valeur d’universalité. 

Un peu plus tard, lorsque le déchiffrage était acquis, l’on obtenait la maîtrise de la lecture en utilisant des ouvrages d'inspiration religieuse comme le catéchisme. On faisait lire la vie de Jésus Christ ainsi que l’histoire des personnages de la Bible.

L'auteur de l’opuscule, qui était là le porte-parole de l'évêque, proscrivait absolument l'utilisation de tout ouvrage traitant des sciences ou des arts. « Il faut s'appuyer exclusivement sur des récits tirés des Saintes Ecritures. Le régent ne doit avoir d’autre objectif que d'instruire les enfants dans la tradition chrétienne en se référant sans cesse à Dieu »

 L'organisation matérielle de la classe était aussi fixée par des règles très précises. « Les écoliers d'une même classe doivent utiliser le même livre. Le maître les fait lire, les uns après les autres, à haute voix. Ceux qui ne lisent pas, afin de rester attentifs suivent en épelant tout bas. L'on répète autant de fois que nécessaire »

Après la première lecture, le maître devait poser des questions pour revenir sur les mots que les enfants auraient quelques difficultés à comprendre. Exemple de phrase lue : "Dieu créateur et Souverain Seigneur de toutes choses et tout puissant a fait le monde de rien par sa seule parole".

Le régent demandait la signification de mots choisis : créateur, Seigneur…

Ensuite il posait les questions : « Que dit-on de Dieu dans ces paroles ? Qui est le tout puissant ? » Les questions s'adressaient tantôt aux uns, tantôt aux autres.

Pour terminer, il choisissait un élève expérimenté, à qui il faisait relire. Il lui demandait de bien observer la ponctuation. Il concluait en se faisant résumer la leçon »

 Pour ce qui est de l'apprentissage des mathématiques, le maître s'en tenait au calcul. Les objectifs étaient très limités. On ne devait faire travailler l'enfant, que dans ce qui était à sa portée.
La classe de calcul se bornait aux additions et aux soustractions de nombres entiers. On utilisait, au maximum, trois chiffres (exemple: 225+343 ou 203-102). Pour la multiplication et la division on s'en tenait à un seul chiffre (24 que multiplie 2 ou bien  27 que divise 3). Il était formellement demandé de « ne pas embarrasser les élèves avec des sommes composées d'unités monétaires comme les livres, sols ou deniers »

 Cet enseignement était assurément marqué par la pensée Janséniste. La doctrine, sous jacente, transparaît. Elle affirme que la destinée de l'enfant est fixée, dès sa naissance, par Dieu. L'enseignement qu’il reçoit ne doit être conçu que dans le dessein de magnifier ses rapports à la divinité. En aucun cas il ne peut avoir pour but de le sortir de la condition où il est né.

 Les petites écoles accueillaient des enfants du peuple. Ceux de la noblesse avaient leurs précepteurs. Apprendre à lire aux enfants des villages c'était d'abord leur permettre de participer à la liturgie. Cela explique et justifie ces bases de lecture latine, ainsi que l'importance donnée à la déclamation.

Il y avait lieu d’écarter tout risque de détourner les enfants de leur chemin, tracé par Dieu, en utilisant d'autres livres que ceux préconisés. « Ils sont pleins de raisonnements, de mots, qui les rendent inintelligibles aux enfants et à ceux qui n'ont pas l'usage ou les lettres du monde (l'aristocratie) ». En d'autres termes, les sciences et les arts n’étaient pas destinés aux enfants des paroissiens ordinaires.

Les mêmes raisons conduisaient à demander, que lorsqu’on enseignait le calcul on se garde d'utiliser des grandeurs monétaires. Pour l’Eglise Romaine le commerce de l'argent n'était pas une activité chrétienne.

 L’école paroissiale de Tréziers se tenait dans la maison presbytérale qui donnait sur la place principale du village. Actuellement ce bâtiment accueille la mairie.

Pour avoir été achetée comme bien national, elle appartint un temps à la famille du curé Jean Baptiste Bergé. On verra plus loin comment elle réintégrera le domaine communal pour servir à nouveau d’école. Des plans, levés en 1874, annexés au dossier de reconstruction, décrivent la distribution primitive des pièces. On accédait à la salle de classe par un long couloir. A droite, il y avait la cuisine. A gauche un escalier donnait accès à l’étage. Il débouchait sur une grande pièce occupant toute la largeur du bâtiment. Elle était éclairée par deux fenêtres donnant sur la place du village. Coté midi il y avait deux chambres. Au bout du couloir du rez-de-chaussée, en poussant la porte, on entrait dans une grande pièce qui servait de salle de classe. Elle donnait coté sud sur la cour et un grand jardin. Elle disposait d’une cheminée adossée au mur ouest.

 
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ISSN : 1626-0139

03/08/2009

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