acquisition de la maison d'ecole

ACQUISITION DE LA MAISON D'ECOLE

 
 

 Jusqu'en 1875 la commune de Tréziers ne possédait pas de maison d'école. Elle louait un local à l'année. Le dernier utilisé était, selon les anciens, dans le quartier appelé Bousquet. Le pâté de maison où elle fonctionnait a été depuis démoli. L'école donnait sur une ruelle étroite. La lumière du jour avait du mal à y pénétrer.

 Début avril 1873 le maire Jacques Raulet convoque une réunion extraordinaire du Conseil Municipal. Il est composé de : François Malvieille, Jean Louis Fabre, Pierre Carrié, Antoine Benet, Jean Bloy, Joseph Carrié, Jean Clottes, Pierre Faure, Baptiste Monié.

Y sont invités, comme le veut la règle, les contribuables les plus imposés de la commune : Pierre Deumié jeune, Pierre Deumié l’ancien, Gabriel Faure, Célestin Carrié, Victor Bénet, Gabriel Douce, François Arnaud, François Faure. Le maire expliqua que « la municipalité de Tréziers se trouve dans l'extrême nécessité d'acheter ou de construire, rapidement, une maison d'école ». Le bail du local loué pour accueillir l'école communale arrivait à expiration le 1er mai 1874. Le propriétaire avait demandé à récupérer son bien. Malgré ses recherches il n’avait pas réussi à trouver à louer un autre endroit convenable. Il proposa, en mettant en avant le fait qu’il était prévu des entrées d'argent dans les années à venir, de doter le village d’une maison d’école. Après discutions, les conseillers, à l’unanimité, donnèrent son accord de principe.

 En janvier 1874 que le projet allait se concrétiser. Le maire exposa : « il existe au centre du village un vaste bâtiment avec jardin attenant, réunissant toutes les conditions requises. Le propriétaire, François Bergé, consent à céder à la commune l'ensemble pour trois mille huit cents francs. Cet achat peut être financé en augmentant les impôts de quinze pour cent sur dix ans. L’affaire parait d’autant plus intéressante que, le bâtiment étant assez vaste, une partie peut être utilisée pour installer la mairie. L'acquisition fut votée.

Il s'agissait de l'ancienne maison presbytérale, jadis propriété de la communauté de Tréziers, vendue à la Révolution comme bien national.

L'enquête d'utilité publique eut lieu au mois d'avril sous la conduite du maire de Corbières. Trois citoyens porteront des observations sur le registre. Elles furent toutes favorables. Antoine Bénet cultivateur, âgé de quarante cinq ans, estimait que l’immeuble n’était pas cher et que la commune faisait une bonne affaire. Jacques Raulet propriétaire, âgé de cinquante ans, se disait « très content » de cette acquisition. François Malveille cultivateur âgé de cinquante-cinq ans ne s'opposait en rien à cet achat.

 Les plans et devis des travaux à entreprendre pour transformer la bâtisse en maison d’école furent dressés par l'agent voyer cantonal, M. Bezombes.

Le mémoire, qui fut remis au maire, est daté du 28 décembre 1874. Il décrit dans le détail l’organisation future du bâtiment. En rentrant à droite, était prévu la cuisine de l’instituteur. A gauche un escalier conduisait à l’étage.

La salle de classe, au bout du couloir, était éclairée par deux portes vitrées et une fenêtre, orientées plein sud, ouvertes sur la cour de récréation. La pièce faisait un peu plus de trente cinq mètres carrés. Elle permettait de recevoir sans problème vingt à vingt-cinq élèves.

A l’étage deux chambres destinées au maître donnaient sur la place du village. Coté sud, une grande pièce prenait toute la largeur du bâtiment. Elle était éclairée par trois fenêtres. Elle devait accueillir la mairie.

La cour de récréation serait partagée en deux parties. A droite la zone des filles, à gauche celle des garçons.

Le mobilier scolaire serait composé de quatre grandes « tables à bureau » de deux mètres et demi de long, avec des bancs en bois. Il était prévu une estrade pour l’instituteur. Une haute armoire bibliothèque en noyer de deux mètres de largeur servirait à ranger les livres et le matériel scolaire.

Au mur, on accrocherait un Christ peint sur toile avec un cadre en bois peint en noir. Il venait de l’ancienne école de la paroisse de Tréziers.

 Comme le prévoyait la Loi on mettrait à la disposition de l’instituteur le logement avec les meubles, la literie et les ustensiles de cuisine nécessaires. Il était prévu deux lits en bois de noyer avec leurs tables de nuit, huit chaises en bois, une table ronde, une grande commode. La literie comprendrait : quatre matelas garnis de laine ou de crin, deux traversins et deux oreillers emplis de plume d’oie, deux couvertures de laine, deux de coton. Pour la cuisine il était prévu : une table, quatre chaises, une marmite en fonte, trois casseroles en cuivre, un seau en fer battu. M. Bezombes chiffrait le projet à huit mille francs

 Avant de pouvoir lancer la procédure d'adjudication des travaux, il fallait mettre en place le financement. Le conseil examina les ressources disponibles. Comme de coutume elles se révélèrent insuffisantes. Le maire sollicita une subvention de trois mille francs Il faudra attendre deux ans avant que le Ministre de l'Education Publique et des Cultes accorde un secours de deux mille deux cents francs.

Le compte n'était toujours pas bon. Il manquait huit cents francs. Que faire ? Des conseillers proposèrent d'amputer le projet des six cents francs prévus pour le mobilier de l'instituteur. D'autres demandèrent la vente de biens communaux. En désespoir de cause il fut décidé de combler le déficit par une imposition extraordinaire. Elle fut votée le dimanche 2 juillet 1876.

 Mauvaises entrées d'argent ? Dépenses imprévues ? En 1877 les fonds étaient encore insuffisants. Le vendeur, François Bergé, n'avait pas été payé. Le montant des intérêts se atteignait déjà à cent soixante dix francs.

Le maire Jean Bernard Sérié proposa de convertir la moitié du jardin de l'instituteur, soit six ares, en prairie artificielle. Il se chargerait du travail. La récolte de fourrage pourrait être vendue. Le revenu serait affecté aux travaux.

Le temps passait. L'état du bâtiment, qui n’était plus entretenu, souffrait de tous ces atermoiements. De la vétusté originelle, mois après mois, inexorablement on glissait vers le délabrement. Cela s'aggrava brusquement, lorsque en 1878 la cave s'écroula. A son emplacement que fut construit le préau.

 Enfin, le 16 mars 1879, la commune obtint l'autorisation d'emprunter auprès de la Caisse des Ecoles. Cet organisme avait été créé par la loi du 1er juin 1878 pour financer la construction d’écoles. Le nouveau maire, Pierre Deumié jeune, sollicita un prêt de quatre mille huit cents francs à amortir sur trente et un ans. La commune rembourserait deux cent quarante francs par an.

En novembre 1879 que les travaux furent mis en adjudication. L'entrepreneur Paul Blanc enleva le marché. La rénovation du bâtiment commença au printemps 1880. Cependant elle du être suspendue dés le mois d’octobre. Des travaux imprévus devaient être envisagés. Le maire expliqua aux conseillers : « initialement certaines parties intérieures devaient rester intactes, de même que les murs, alors qu'il a fallu tout changer et démolir certains pans de murs. Cela n'avait pas été prévu dans le cahier des charges »

Il fut demandé, en urgence, un nouveau secours de mille six cent vingt sept francs au Préfet.

En 1882 les travaux n’étaient toujours pas terminés. Quelques aménagements, pourtant portés dans le devis initial, restaient à exécuter. Encore une fois, les fonds manquaient pour poursuivre le chantier.

L’année 1884 verra l’aboutissement du chantier. Pourtant, un an aprés, l'entrepreneur plaignait de ne pas avoir été payé. Il devra menacer le Maire d'une action en justice pour obtenir le règlement du solde des travaux.

Dix ans s’étaient écoulés entre la décision d'achat du bâtiment et la réception définitive de l'école communale.

De révision en révision, le projet initial avait été sérieusement  amputé. Seul le minimum du nécessaire avait été réalisé.

En 1887, le nouveau maire, Pierre Faure, particulièrement réceptif aux demandes de l'instituteur Julien Allard, qui lui servait de secrétaire, exposait le mauvais état de la maison d'école. Il se plaignait d’avoir déjà dépensé prés de trois cent quarante francs en réparations. Il dit avoir besoin de cinq cents francs de plus pour des travaux urgents. Le conseil décida de prévoir chaque année au budget communal cinquante francs réservés à l'entretien de l'école.

 
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ISSN : 1626-0139

.03/08/2009

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