LE TELEPHONE |
C’est en 1880 que sont créées les premières compagnies de téléphone en France. En 1889 l’Assemblée Nationale décide de transformer ce service en monopole d’Etat. Petit à petit un réseau téléphonique est déployé dans tout le pays. |
Le 19 avril 1909 le maire Antoine Laffont informe le conseil municipal d’un projet de construction d’un réseau téléphonique départemental. Très enthousiaste il vante « tout l’intérêt qu’aurait la commune de Tréziers à adhérer au service du téléphone » Il est commerçant. Il achète et revend des volailles sur les marchés de la région. Il a des correspondants éloignés qui lui envoient de la marchandise par chemin de fer. Il est souvent sur la route. Son épouse tient l’épicerie qu’il a ouverte dans le quartier de l’Houmet. Plus que quiconque au village il est intéressé par cette nouveauté technique. D’autant plus que les conditions offertes semblent avantageuses. Il en coûtera seulement cinquante cinq francs la première année. Les conseillers approuvent à l’unanimité l’adhésion de la commune au nouveau service. |
La première ligne téléphonique suivait la plate forme de la voie ferrée Bram Lavelanet. Elle rejoignait le village par le chemin du Piala. Une cabine téléphonique fut aménagée dans la Mairie. Elle était équipée d’un appareil téléphonique à manivelle. |
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En 1923 c'est l'institutrice Mme Fraïsse qui assure la gérance de la cabine téléphonique. Elle perçoit une indemnité de 200 francs. |
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Plus tard c'est l’épouse du maire,
Mathilde Laffont, en assure la gérance. Lorsqu’il y avait un appel un
dispositif sonore installé à son domicile l’avertissait. Il fallait alors
qu’elle se déplace sans délai jusqu’à la cabine pour prendre la
communication. En 1925 lassée de courir elle demande qu’on installe la cabine dans son épicerie. Cela devrait faciliter le service. Le conseil municipal, n’y voit que des avantages. Il accepte. |
En 1930 la municipalité met en place
l’éclairage public du village. Il faut modifier le parcours des fils de la
ligne téléphonique. Antoine Laffont n’est plus maire. Il a été remplacé
l’année précédente par Elie Sérié. Des conseillers proposent, par soucis d’économie, de ramener la cabine à son emplacement d’origine. Cela réduirait le montant des travaux. La gérante proteste. Elle refuse de se déplacer jusqu’à la mairie pour assurer le service. Elle présente sa démission. Le maire cherche une remplaçante. On promet au candidat éventuel une indemnité annuelle de quatre cent cinquante francs. Personne ne se présente. En désespoir de cause on se plie aux exigences de Mathilde Laffont. La cabine est maintenue à son domicile. Elle y restera jusqu’en 1937. Pour raison de santé la gérante doit abandonner. La cabine est ramenée à son emplacement initial, la Mairie. Une nouvelle gérante, Marie Louise Fabre, est engagée. Elle assurera cette fonction pendant quarante ans. |
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En octobre 1973 le maire Joseph Monié
expose au conseil municipal : « Il serait judicieux d’installer une ligne
téléphonique pour la Mairie car la cabine téléphonique publique est fermée
les dimanches et fêtes » Ces jours d’indisponibilité du téléphone public présentait de nombreux inconvénients, cela d’autant plus qu’il y avait très peu d’abonnés au téléphone dans le village. Les télégrammes ne pouvaient être expédiés ou reçus les week-ends. « Il est nécessaire que la maison communale dispose d’un appareil téléphonique pour assurer la sécurité et la protection de la population en cas d’incendie, d’accident ou de maladie. Un poste supplémentaire pourrait être placé au domicile du maire » La demande du maire fut acceptée. |
En 1977 une cabine téléphonique automatique fonctionnant avec des pièces de monnaie est mise à la disposition du public. Elle est installée sur la place de la Mairie à coté de la croix de mission. |
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Dans les années qui suivront le nombre d’abonnés au téléphone augmentera rapidement. Les lignes absorbaient de plus en plus malaisément les nouveaux clients.
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Au début des années quatre vingt les dysfonctionnements du réseau P&T étaient devenus chroniques. Une enquête nationale montra qu’en moyenne seulement la moitié des appels atteignaient directement le numéro demandé dès la première demande. La situation était bien plus catastrophique dans les zones rurales mal équipées. |
La réunion du conseil municipal du vendredi 15 avril 1983 fut consacrée à ce problème. Le maire Joseph Monié exposa qu’il recevait de nombreuses doléances. Une pétition avait été lancée. « Le 29 mars Augustin Carrié âgé de quatre vingt quatre ans s’est présenté à la mairie. Il voulait qu’on appelle d’urgence le médecin, pour son épouse Emma qui était malade. Le maire a constaté que le réseau était en panne sur toute la commune de Tréziers. Il a du se rendre dans une localité voisine pour alerter le médecin puis les PTT. Les communications ont été rétablies deux heures plus tard » |
La Direction des Télécommunications de Carcassonne demanda à la municipalité qu’elle lui mette à disposition un terrain pour abriter un concentrateur de lignes. Ce dispositif devait permettre de relier au réseau les lignes nécessaires aux nouveaux abonnés du village. La mairie cédera six mètres carrés à titre de prêt gratuit derrière l’église pour construire le local technique. |