EXUPERE GOUBIL

Des anciens, témoignaient encore, il y a peu : pour échapper aux railleries de villageois anticléricaux notoire du quartier de l'Houmet, le curé évitait d'emprunter la rue principale du village. Il passait par le chemin du Pas de Caudeval actuellement rue de la Serre, continuait par le chemin du Cazal des Faures sous le verger du château, et rejoignait l'église par la rue du Cimetière.
"Du temps de mon grand père  (Louis Faure vers 1875), le curé "moussu Goubil" ne pouvait pas traverser le village. Il passait sous le verger pour se rendre à l'église. Mon grand-père me le disait. Pour aller dire la messe : on lui sifflait, on lui faisait de tout alors... (Témoignages recueillis de Noël Faure en octobre 1995)
 

 
Quand un curé au prône admoneste ses paroissiens, spécialement les enfants, qu'il invite à suivre l'exemple des uns, à ne pas imiter la conduite de tel autre de leurs petit camarades, commet-il sérieusement une diffamation à l'égard de ces derniers ?
Monsieur Gaubil curé de Tréziers a été condamné par le juge de Paix à des dommages et intérêts contre deux petites filles soi-disant diffamées par lui dans l'exercice du culte au prône de la messes.
 
Exupère Goubil naquit en 1845 à Laraguel dans le canton d'Alaigne. Il arrive à Tréziers en 1875. Il vient de la paroisse de La Malayréde. Auparavant il était vicaire à Alet.
Il est accompagné de sa mère Antoinette Fouich âgée de 66 ans et d'un petit neveu Prosper Alaux âgé de 12 ans.
Il succède au curé M. Laborgne qui avait été obligé de quitter la paroisse. La municipalité depuis sa nomination en 1869, nourrissait force rancunes qui s'exprimaient en conflits de plus en plus violents. En 1875 le Maire Jean Louis Fabre avait demandé son remplacement à l'évêque.

Le 16 mars 1875 le Sous Préfet de Limoux avait adressé une lettre au Maire. Il lui exposait la nécessité de faire réparer la cuisine, les chambres et la toiture du presbytère qui se trouvait dans un état de délabrement complet. Ces travaux d'après un homme de l'art s'élèveraient à la somme d'environ 300 francs. Le conseil propose de les imputer pour 200 francs au budget prévu pour les gardes champêtres et il demande à l'Etat une participation de 100 Francs. Ce montage est refusé  par l'administration il convient de les prendre sur les fonds de la commune.
Le conseil municipal du 18 février 1876 indiqué que des réparations viennent d'être faites au presbytère.

 
L'abbé Exupére Goubil va prendre à cœur son sacerdoce décidé à défendre le point de vue de l'église en combattant les anticléricaux qui ont fait partir son prédécesseur.
Il s'appui sur l'équipe qui gére la fabrique.
 

En 1878 achat d'une bannière de la vierge 120 francs, achat d'aubes pour les enfants de choeur 45 francs, Dépense d'un confessionnal 150 francs

Le 17 novembre 1879 il écrit au ministre des cultes : "Souffrez que le desservant d'une petite paroisse de campagne vienne s'adresser à vous, pour vous prier de vous intéresser à une œuvre qui lui est bien chérie. Curé de Tréziers depuis bientôt cinq ans, j'ai en vain travaillé jusqu'ici à ériger des fonds baptismaux qui manquent à mon église. L'insuffisance de revenus de la fabrique et l'extrême pauvreté de mes paroissiens...ne me permettent pas..sans le secours de l'Etat..."
La fabrique recevra un secours de 300 francs.
1879 restauration des chapelles et autels 500 francs

1883 : Une croix de mission en fer forgé, sur un socle massif en pierre de taille, est érigée sur la place principale du village face à la Mairie
Son militantisme et sa rigueur vont lui amener de grandes difficultés.
Nous avons le témoignage du journal La Croix du 23 janvier 1885 :
 
Un prêtre poursuivi. Quand un curé au prône, admoneste ses paroissiens , spécialement des enfants, qu'il invite à suivre l'exemple des uns, à ne pas imiter la conduite de tels autres de leurs petits camarades, commet-il sérieusement une diffamation à l'égard de ces derniers? M. Gaubil curé de Tréziers, suite à la plainte de la famille Bac de Corbières, a été condamné par le juge de paix à des dommages et intérêts contre deux petites filles soi-disant diffamées par lui dans l'exercice du culte le prône de la messe. M Gaubil c'était pourvu devant le conseil d'état qui rejeta la requête comme irrégulière. Le tribunal de Limoux débouta définitivement la famille Bac. 
Son activisme semble avoir attisé l'opposition entre Républicains et Cléricaux. Une bagarre générale lors d'un bal organisé, malgré ses injonctions, par les jeunes pendant le Carême  de 1892 précipita les tensions dans le village. Une nouvelle municipalité plutôt républicaine et sensible à la laïcité fut élue.
Le curé Exupére Gaubil sera déplacé en 1892 à la paroisse de La Serre de Prouille où il remplace M. Cassignol admis à prendre sa retraite.. Un nouveau prêtre Jean Niel est nommé à Tréziers. Il préside le conseil de fabrique 1892-1893.
Il rejoindra ensuite la paroisse de Trèbes comme prétre auxiliaire où il décédera en février 1927
18/01/2024